3 ans de Tshisekedi au pouvoir : Jacques Djoli note les faiblesses du système politique et plaide pour des réformes profondes suivies des actions structurantes

Le député national Jacques Djoli
Le député national Jacques Djoli

Félix Tshisekedi a totalisé trois ans au pouvoir le 24 janvier 2022. Alors que les élections doivent se tenir l’année prochaine, le bilan à mi-chemin de l’ancien opposant est critiqué différemment au sein de la classe politique. Le député national Jacques Djoli ne s’est pas attaqué au bilan de Tshisekedi mais a fustigé les faiblesses du système politique congolais.

"Si on prend ces trois ans, deux années ont été de cohabitation que je dirais tiraillée, il y a eu une année pour redresser les tirs et il faut tenir compte de certaines spécificités de notre système politique. Lorsqu'il y a une nouvelle majorité qui se dégage, cette majorité pour trouver un Premier Ministre, ça vous prend plus au moins 9 à 10 mois pour constituer un gouvernement, et après ce gouvernement doit se chercher, l'ordonnance portant organisation et fonctionnement du gouvernement vient d'être à peine publiée. Donc il y a ces ambiguïtés, ces spécificités négatives de notre système. Il y a aujourd'hui plus au moins la moitié des provinces si pas la majorité qui sont en état de dysfonctionnement, ça ce n'est pas le fait d'un homme c'est aussi les incongruités d'un système si déjà au niveau central vous devez faire 10 mois pour avoir un gouvernement et comprendre le jeu et au niveau des provinces (...) il y a donc des pesanteurs structurelles qu'il ne faut pas amener des analyses conjoncturelles personnelles. Nous devons faire un travail de réflexion et tirer les leçons sur la gouvernance globale", a-t-il dit à ACTUALITÉ.CD ce lundi 24 janvier 2022.

Pour lui, avec le peu du temps qui reste au Chef de l'État Félix Tshisekedi, il doit songer à lancer des réformes nécessaires mais aussi des actions structurantes capables d'apporter des solutions aux problèmes qui se posent en RDC. 

"Ce que nous pouvons espérer c’est que les leçons soient vraiment tirées pour que les structures soient réformées et surtout il faut encore des hommes capables qui puissent animer ces structures. Ce sont les deux défis à mon avis qui se présentent au Président de la République: lancer dans un temps court qui reste les réformes prioritaires, des actions structurantes. Je vois qu'on va construire le port en eau profonde de Banana, il faut que ce port vienne structurer l'ensemble de notre espace de Banana jusqu'à Kinshasa, en autoroute et cette autoroute va nous amener jusqu'au Katanga, en passant par le Kasaï, Ilebo, Bandundu, Tshikapa et autres. Notre pays est un pays qui appelle grandes infrastructures. La RN 1,2,4 qu'il faut pour mettre fin notamment à ce qui se passe à l'Est. Il y a aussi des grands projets structurants tels que Inga pour tourner de l'électricité et donner la possibilité d'industrialiser l'ensemble de notre économie qui est une économie d'exportation des matières premières, la révolution numérique qu'il faut arriver à instaurer pour qu'il y est de l'emploi pour les jeunes”. 

Les élections controversées de décembre 2018 ont consacré la passation du pouvoir entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi. Martin Fayulu, proclamé deuxième avant Ramazani Shadary, a toujours contesté l’élection de Tshisekedi. D’après lui, ce dernier a été proclamé Chef de l'État par la volonté de Joseph Kabila, avec qui il avait signé un accord de gestion. Accord qui a été rompu deux ans après que Félix Tshisekedi a pris le contrôle de tous les leviers du pouvoir, bousculant ainsi son allié Joseph Kabila à l'opposition.

Clément Muamba