RDC : où en est la participation des femmes en politique ?

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En 2023, parmi les réflexions autour du troisième processus électoral en République Démocratique du Congo, il y aura notamment l’augmentation du pourcentage des femmes. Si les potentielles candidates se préparent à affronter ces épreuves, ONU Femmes, UCOFEM et Internews ont relevé, il y a quelques années les éléments qui constituent un frein à une participation féminine accrue. 

ONU Femmes présente en tout sept (7) obstacles. Elle cite en premier, les normes genrées traditionnelles.

  « En RDC, les normes présentent les leaders en général et les leaders politiques en particulier comme des hommes. Etant donné que les filles grandissent avec des leaders presque exclusivement masculins autour d'elles, il est beaucoup moins probable qu'une femme s'imagine en tant que leader qu'un homme », explique cette entité, dans l’étude sur la participation politique des femmes en RDC parue en 2019.   

Faible accès des femmes à l’éducation

En 2017, l’Union congolaise des femmes des médias (UCOFEM), dans une étude menée notamment avec Internews et l’USAID, intitulée « Freins à la participation des congolaises notamment en période électorale », relève ce point dans les facteurs sociaux, qui comprennent les niveaux d’emploi, de revenu et d’éducation des femmes, et la division du travail dans la famille. 

« Les résultats du sondage démontrent non seulement que le niveau d’instruction influence la participation politique, mais également que, parmi les femmes non engagées en politique, les femmes les plus instruites montrent une plus grande sensibilité vis-à-vis des droits des femmes et une meilleure confiance dans leurs capacités », précise UCOFEM. 

A ONU Femmes d’ajouter, « étant donné que les femmes sont globalement moins instruites que les hommes, les femmes politiciennes tendent à être moins instruites et moins qualifiées que les hommes politiciens. Ceci est reconnu comme un problème aussi bien par les hommes que les femmes. Plusieurs femmes ont expliqué que le niveau d'instruction plus faible contribue à rendre les femmes plus timorées que les hommes : "Elles ont peur de révéler leur ignorance. »

Les facteurs institutionnels 

Dans cette rubrique, UCOFEM évoque notamment la place et le rôle des femmes au sein de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), mais aussi « leur rôle et place dans les partis politiques, le plus faible accès des femmes aux ressources financières et L’absence de volonté politique » qui constituent les 3è, 6è et 7è points abordés par ONU Femmes. 

Il y a aussi la Loi électorale de 2006, modifiée en 2011, 2015 et 2017. En 2015, le mouvement RSLF (Rien Sans les Femmes) a collecté plus de 200.000 signatures dans une pétition pour réclamer l’ajout d’une clause stipulant que dans "dans un district comptant plus de deux sièges, un tiers des candidats figurant sur une liste devrait être de l'autre sexe". Malheureusement, les législateurs n'ont pas tenu compte de la pétition et la clause est restée inchangée toujours pas de cadre légal rendant ce principe contraignant. 

En 2017, le mot paritaire a été supprimé, de sorte qu'une « représentation de la femme » est suffisante. L’article 13 stipule désormais que la non-représentation de la femme ne constitue pas un motif d'irrecevabilité d'une liste. 

Insécurité

La situation sécuritaire, en particulier dans les provinces de l'Est, mais aussi dans les Kasaï, est un moyen de dissuasion puissant. Les femmes sont particulièrement exposées au risque de viol et violences sexuelles et ont donc tendance à éviter toute apparence publique qui n'est pas absolument nécessaire. Même à Kinshasa, suite à la dure répression des manifestations en 2016, les femmes hésitent davantage à faire de la politique, précise ONU Femmes. 

Sur ce point, UCOFEM aborde également la relation femmes et médias. D’autres points concernent le poids du travail reproductif, le faible accès à la planification et aux services de garde. 

En termes des recommandations, UCOFEM plaide auprès des services publics pour un suivi régulier de l’application des lois sur la parité à niveau national et local.

Elle recommande aux partis politiques d’entreprendre régulièrement des consultations internes pour évaluer les progrès vers l’égalité des sexes, et mettre en place des mécanismes permettant aux membres de signaler les cas de mauvaises pratiques ou de discrimination fondée sur le genre, de garantir une participation équilibrée des hommes et des femmes à tous les organes décisionnels du parti, aux listes électorales et à tous les postes désignés et nommés.

Aux Organisations de la société civile de multiplier les initiatives d’éducation électorale notamment à l’intention des femmes moins instruites.

Prisca Lokale