Ce 17 janvier, cela va faire soixante et un an que Patrice Emery Lumumba, héros national congolais et père de l'indépendance a été assassiné. Que reste-t-il aujourd'hui de l'héritage de cet homme politique congolais ? Jeunes militantes et étudiantes s'expriment.
« Après avoir lu dans des livres, après avoir entendu ses discours et vu des vidéos de Lumumba, sur base de ce qu’on nous a enseigné à l’école, je peux dire qu’il était un homme courageux, il a servi la cause commune quand tout ne jouait pas en sa faveur. Il est rester nationaliste au moment où Moise Tshombe décide de faire la sécession katangaise et pendant que Kalonji faisait la même chose au Kasaï. Il a su faire passer l’intérêt de la Nation avant toute chose. Dans sa lettre à Pauline il dit, ce n’est pas ma personne qui compte. C’est le Congo », confie Soraya Odia, activiste littéraire.
Pour paraphraser Soraya Odia, qui aborde simplement la question du nationalisme, Divina Izemengia, de l’Université catholique du Congo, voit en Lumumba l’un des pionniers de l’indépendance des peuples africains.
Elle s’explique. « Lumumba est un exemple de patriotisme pour tout congolais et aussi pour l’Afrique. Il fait partie des premiers noirs d’Afrique qui se sont révoltés face à la colonisation, il a su comprendre qu’il était temps pour la liberté. C'est un modèle d’amour et de sacrifice pour la Nation », souligne la jeune femme.
Membre du mouvement Lutte pour le Changement (LUCHA), Rebecca Kabuo s’inspire quotidiennement de la vision de ce premier Premier ministre congolais.
« De Lumumba je retiens l'espoir, le combat pour un idéal commun, pour un intérêt collectif, je retiens de lui la grandeur à la hauteur du grand Congo. Je suis héritière de sa vision axée sur un Congo prospère et émergent au cœur de l'Afrique, un Congo de paix, de dignité et de justice. Je retiens de lui que le Congo peut, doit et va se relever par l'apport des filles et fils et j'y croit énormément », rassure-t-elle.
61 ans après la disparition de Patrice-Émery Lumumba, les discussions avancent entre sa famille biologique et le gouvernement congolais, pour le rapatriement des reliques de cet homme politique. La date a été fixée pour le mois de juin 2022.
« Ce qui reste de Lumumba, ce ne sont pas les résidus humains », souligne Rebecca Kabuo.
Et de poursuivre, « c'est plutôt les fragments d'espoir et d’un combat incarné par ceux qui continuent de se battre pour matérialiser sa vision, et notamment la LUCHA ainsi que tous les martyrs anonymes qui se battent pour l'avènement d'un Congo de dignité et de justice. Lumumba est le socle de tout, le pilier de ma lutte, c'est un préalable solide et sine qua non dans la construction d'un État indépendant, libre, un État de paix et de justice ».
Quant à Soraya Odia, elle plaide plutôt pour une réforme dans l’enseignement de l’histoire du Congo et de cet homme politique. « Il reste de lui juste le souvenir du 17 janvier, comme c’est le cas aujourd’hui. Il y a des discours et des slogans, mais je pense qu'on ne l’enseigne pas suffisamment. Jusqu’à mon adolescence, je ne connaissais pas le vrai visage de Lumumba, à part celui des films et autres documentaires. Pour connaitre son vrai nom, il a fallu que je tombe sur l’une de ses biographies (…). Je pense qu’on ne se remémore pas constamment ses paroles, les paroles de ses lettres à Pauline à travers nos enseignements scolaires » a-t-elle conclu.
Prisca Lokale