RDC-affaire sextape des écoliers: " le renvoi d'une école à une autre n'est ni instructif, ni dissuasif" (Me. Arlette Odia Kashama)

Arlette Odia
Arlette Odia/Ph. ACTUALITE.CD

Arlette Odia, avocate et responsable du parti politique Collectif pour le Développement et de l’Unité du Congo (CDUD) s’est exprimée ce 09 septembre au sujet des vidéos érotiques impliquant des élèves à Kinshasa. Pour elle, la sanction devrait être maintenue à l’avenir pour servir de leçon.

Bonjour Maître et merci de répondre à nos questions. Le ministre est revenu sur son instruction concernant les élèves impliqués dans une vidéo érotique. En réalité, « les élèves n’étaient pas exclus du système éducatif congolais mais des écoles conventionnées catholiques ». Que pensez-vous de cette version de la décision ? 

Arlette Odia Kashama : je regrette le rétropédalage intégral du Gouvernement. Le retrait temporaire du système éducatif durant une année scolaire pleine aurait été la meilleure punition pour, à la fois châtier et aider ces écoliers à s'amender véritablement. Le renvoi d'une école à une autre n'est ni instructif, ni dissuasif. L'exclusion définitive du système éducatif nous a semblé être une décision excessive, l'objectif d'une punition n'étant autre que l'amendement du fautif, en vue de sa re-socialisation.

Vous estimez que le retrait « temporaire » du système éducatif durant « une année scolaire pleine » aurait été la meilleure punition pour, à la fois châtier et aider ces écoliers à s'amender véritablement. La décision telle que lue par les autorités scolaires évoquait « l’exclusion définitive » et non temporaire. Comment expliquez-vous votre affirmation ? 

Arlette Odia Kashama : remplacer l'exclusion définitive du système éducatif par l'exclusion définitive des écoles conventionnées catholiques, c'est vider la punition de tout son contenu car de tous les temps, une sanction temporaire est préférable à une sanction définitive. La première permet à l'enfant de se corriger tandis que la seconde lui indique de passer à autre chose.

Dans son article 43, la Constitution congolaise garantit le droit à l'éducation scolaire à toute personne. Qu’il soit temporaire ou définitif, ce retrait n’est-il pas anticonstitutionnel ?

Arlette Odia Kashama : en effet, la punition d'un enfant fautif se puise dans le code moral. C'est à tort que le débat d'inconstitutionnalité est soulevé en cette matière. Sinon, le parent qui donne une gifle à son fils serait poursuivi pour coups et blessures volontaires. Aux situations exceptionnelles, des mesures exceptionnelles, dit-on.

Vous ajoutez le fait que « le renvoi d'une école à une autre n'est ni instructif, ni dissuasif ». Etant donné que le ministre est revenu sur sa décision, quels mécanismes faudrait-il mettre en place pour que ces faits ne se reproduisent plus dans les établissements scolaires congolais ? 

Arlette Odia Kashama : en conclusion, le Ministère de l'EPST devra publier un communiqué officiel pour prévenir tout parent et tout élève qu'au cas ou des actes sexuels sont commis en uniforme, le coupable serait puni d'exclusion du système éducatif pour une année scolaire entière.

Pour rappel, les six élèves auteurs d’une vidéo pornographique ont été non seulement renvoyés de l’école, mais aussi exclus définitivement du système éducatif, sans la possibilité de s’inscrire dans une autre école du pays. Mercredi, le ministre de l’EPST est revenu sur l’instruction qu’il a donné.

Propos recueillis par Prisca Lokale