Butembo-Beni : pas de vol régulier depuis dix jours … la région coupée du reste du Congo

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Un avion à l’aéroport de Ndjili. Photo ACTUALITE.CD

Il n’y a plus de vols réguliers pour rejoindre les villes de Butembo et Beni (Nord-Kivu) depuis plus de 10 jours maintenant. La région du Grand-Kivu est ainsi coupée du reste du Congo par la voie aérienne suite à la décision unilatérale de deux compagnies commerciales qui desservent Beni et Butembo, de suspendre leur trafic. Officiellement, aucune raison n’est avancée. Mais un employé à la Régie des voies aériennes (RVA) affecté à l’aéroport de Mavivi de Beni a indiqué à ACTUALITE.CD que ces suspensions de vol datent du 15 août à la suite de la mesure de réduction des prix de billets d’avion telle que décidée par le Premier ministre Sama Lukonde. 

Conséquence : seuls les vols des agences des Nations-Unies atterrissent à Beni. Les autorités, notamment le Premier ministre et les membres de sa délégation qui ont dernièrement séjourné à Beni ont été obligés d’affréter des jets privés.

« Depuis ce 15 août, il n’y a plus de vol ici. CAA (Compagnie africaine d’aviation), Busy Bee (une compagnie régionale), ils ont tous suspendu leurs vols en destinations de Beni ou Butembo. Nous (agents de la RVA, ndlr) sommes renvoyés au chômage. Certains qui œuvrent encore sont ceux qui rendent service aux vols des Nations-Unies. Même le Premier ministre et sa suite sont venus à bord d’un jet privé appartenant à Moise Katumbi, et d’autres (députés provinciaux et gouverneur sortant Carly Kasivita, Ndlr) obligés de prendre en location un vol de Busy Bee », rapporte, à ACTUALITE.CD, cet agent qui a requis l’anonymat.  

La situation est similaire à Butembo, plus de 50 Km au Sud de Beni. L’aérodrome de Rughenda n’accueille plus de vols. Certains bureaux ouvrent désormais en retard, alors que dans d’autres qui osent ouvrir, des absences remarquables sont constatées.

Des conséquences se font sentir dans la région. Intervenant lundi à la radio de l’Université catholique du Graben (UCG), le Chef de Travaux Diane Katsuva Ngowire, Chargée des relations publiques à l’UCG a regretté que la région devienne ainsi enclavée, empêchant à l’Université de faire voyager des enseignants visiteurs.

« Vraiment ça affecte les services, parce que nous avons des visiteurs à déplacer, des enseignants qui ont fini leurs enseignements et que nous devons faire voyager, mais avec cette grève, on est pratiquement enclavé, le fait que de Butembo à Goma il n’y ait pas d’issu aérien, de Beni à Goma, on est bloqué. Il y avait des enseignants qui devaient venir de Lubumbashi ou de Kinshasa, on peut juste leur ramener à Goma parce qu’il y a des gros avions, des airbus qui atterrissent à Goma. Mais quitter Goma pour Butembo (c'est difficile, ndlr), même le Fokker de CAA n’atterrit plus à Beni, même le dornier de Busy Bee n’atterrit plus à Butembo. On est vraiment bloqué », déplore madame Diane Katsuva Ngowire, qui évoque le danger de risquer les éminents professeurs sur les routes insécurisées de Goma-Bunia, via Butembo et Beni. 

Nos efforts pour joindre CAA n’ont pas encore abouti. Mais à l’agence d’aviation Busy Bee Congo, M. Ted Hoareau, son directeur d'exploitation, a précisé à ACTUALITE.CD que leurs vols ne sont pas suspendus suite à la mesure portant réduction des prix de billets, mais plutôt pour des raisons de maintenance.

« Nos avions partent en maintenance à Nairobi pour deux semaines. Nous allons reprendre dès notre retour, Merci. Nous n’avons jamais suspendu les vols sur Beni et Butembo. Nous avions fait Nairobi pour la maintenance! », a-t-il insisté.

Ce qui peine à rassurer les nombreux passagers qui disent avoir été informés que les avions de Busy Bee sont sur place, et ne peuvent pour le moment être disponibles que pour la location.

Claude Sengenya, à Butembo