Le gouvernement a rendu public un arrêté réduisant jusqu’à 40% les prix des vols domestiques. Parmi les raisons évoquées, il y a notamment celle de permettre à la population d’accéder aux biens et services de première nécessité. A Kinshasa, des commerçantes, étudiante, cambiste, se sont exprimés sur cette question.
« Je trouve que c’est une décision importante pour la population congolaise. Je suis née à Kinshasa, je suis étudiante et durant les vacances, j’aimerais bien visiter d’autres villes comme Matadi, Goma et Lubumbashi. Mais comment y aller ? Les routes ne sont pas bonnes. Les billets d’avion coutent bien au-delà de mes économies. Mes parents se battent déjà pour payer mes études. Je ne peux tout simplement pas leur rajouter cette histoire des vacances en provinces,» explique Eunice Bilembelani étudiante de troisième graduat à l’Université Libre de Kinshasa (ULK).
Les nouveaux tarifs se situent entre 90 et 195 dollars américains, selon les trajets compris entre Kinshasa et notamment Mbandaka, Bukavu, Lubumbashi, Kindu, Gemena, Kananga. C’est soit une réduction allant de 43 à 54% (195 $ à 395 des prix habituels).
Claudine Mapendi, vendeuse des saucisses pense que cette décision va favoriser la réduction des prix des denrées alimentaires dans la capitale. « C’est une bonne décision. Elle peut permettre à ce que de nombreuses marchandises arrivent à Kinshasa, les produits alimentaires des provinces par exemple. Les saucisses, la viande de porc, le beurre de karité ou les poissons seront abondants à Kinshasa et les prix de vente de ces produits vont sensiblement baisser. Je salue cette décision », dit-elle avec enthousiasme.
Poids des marchandises, suivi de la mesure, solutions alternatives
« Je pense que le problème ne se pose pas au niveau de la baisse des prix des billets mais plutôt dans le poids des marchandises, » affirme Béatrice Ngalula, responsable d’une boutique d’habillement. Pour elle, les prix que les compagnies aériennes leurs fixent pour les vols locaux sont pour la plupart des prix en fonction des vols commerciaux.
Et d’ajouter « si l’objectif du gouvernement est de réduire le coût pour faciliter le commerce entre les provinces, alors ils doivent penser à fixer un niveau de kilogramme qui ne soit pas payant. Sinon, les entreprises ne pourront pas appliquer effectivement cette décision ».
A quelques mètres de Béatrice, Akonga Gladis vendeuse dans une gargote s’interroge à son tour sur le suivi de cette décision. « Quand nos autorités prennent des décisions très importantes, la question qui se pose toujours, c’est le suivi et la mise en œuvre. C’est bien d’avoir décidé de réduire le cout des trajets en provinces », fait-elle remarquer. Et de poursuivre, « Mais le gouvernement a-t-il également envoyé ses agents dans différentes compagnies d'aviation, payer des billets en tant que simples voyageurs pour se rendre compte de l’effectivité de cette mesure ? Que prévoit-il pour ceux qui ne vont pas la respecter ? Que vont-ils faire des gens qui auront dénoncé des irrégularités ? C’est à tout cela qu’ils devraient faire allusion à travers cette décision. »
Au-delà de réduire le coût des vols et d’organiser le suivi, Thérèse Kwamba cambiste depuis une dizaine d’années suggère aux autorités de songer à la construction des infrastructures routières. « Si nos routes étaient à 90% praticables, il n'y aurait pas de débat autour des vols dans les provinces. Je pense que le gouvernement devrait par moment penser aux solutions alternatives, les voyages par route, par bateaux, quand cela sera possible, moins de personnes seront confrontées au problème de voyage », a-t-elle dit.
Pour rappel, l’arrêté ministériel y relatif a été signé samedi 07 aout. Il fait suite à la recommandation de Félix Tshisekedi au cours de la réunion du conseil des ministres de vendredi à l’égard des Ministres ayant dans leurs attributions l’Économie Nationale, les Transports et Voies de Communication, et les Hydrocarbures à avancer dans leurs démarches visant à obtenir la baisse des prix des services et denrées de première nécessité.
Sama Lukonde avait signé le décret portant allègement des mesures fiscales liées à l’aviation en vue de permettre la baisse des prix des billets des vols domestiques. L’arrêté signé samedi porte sur les modalités d’application du décret signé par le Premier ministre.
Prisca Lokale