Kinshasa : FBCP alerte sur la situation des femmes « détenues sans jugement » à la prison de Makala

Photo ACTUALITE.CD.

La Fondation Bill Clinton pour la Paix (FBCP) mène un plaidoyer depuis plus de dix ans pour l’amélioration des conditions des détenus dans les prisons de la RDC. La plus récente alerte date de mars 2021 et concerne des femmes et des enfants qui font partie des détenus préventifs et dont la procédure judiciaire tarde à venir.

« Sur un total de 400 femmes détenues à la prison centrale de Makala, on peut y trouver 60 enfants qui vivent avec leurs mères, dans des  mauvaises  conditions parce que l'État congolais ne dispose pas des moyens adéquats pour encadrer ces femmes et leurs enfants », a expliqué Emmanuel Adu Cole, ce 06 mai joint par téléphone par la rédaction femme d'Actualité.cd

Et d’ajouter, « Beaucoup de personnes sont détenues de façon irrégulière dans les prisons de Kinshasa. Le nombre des personnes jugées et condamnées est inférieur par rapport au  nombre de détenus préventifs. Il y a également des personnes qui sont encore détenues pour des raisons assez banales, qui ne nécessitent pas qu'elles soient en prison, mais elles y sont avec leurs enfants, elles souffrent, elles passent leurs nuits à même le sol »

Utiliser son statut social pour maintenir une femme en prison

Parmi les cas nécessiteux, la fondation cite notamment Gradie Kabamba Kabamba détenue à la prison de Ndolo. « Elle a été mise en prison pour un problème de couple. Son époux est diamantaire. Ce dernier a mis en jeu son statut social pour la faire condamner. La dernière fois que nous l’avons rencontrée, elle était très souffrante. Gadie Kabamba a déjà purgé 5 ans sur les 7 ans de condamnation. Elle est toujours là parce que son époux côtoie certains généraux impliqués dans la justice militaire », dit Emmanuel Adu Cole, signifiant en même temps que toutes les tentatives d’atteindre les autorités judiciaires et celles de la prison ont été sans succès.

Construite au départ pour accueillir 1500 détenus, la prison centrale de Makala a déjà dépassé 8.000 individus, soit plus de 4 fois le nombre initial. FBCP signale que pour la seule année 2020, au moins 20 personnes (hommes et femmes) sont décédées. Elle plaide également pour les séances de formation professionnelle destinées aux jeunes. Car, « tant que ce ne sera pas le cas, les jeunes reprendront les mêmes actions à leur libération. Si les enfants ne bénéficient pas d'un encadrement, tout leur avenir est incertain".

Prisca Lokale