Un symposium a été organisé ce 15 avril par le congrès international congolais, dans l'enceinte du centre culturel Boboto à Gombe. Parmi les intervenants, Christelle Vuanga, députée nationale et présidente de la Commission Droits de l'homme de l'Assemblée nationale. Au cours de cette activité, elle s'est engagée à accompagner au moins deux femmes aux prochaines élections nationales.
Cette activité a été parrainée par Tatiana Nguya, entrepreneure, activiste sociale et Coordonnatrice du CIC Asbl. Les échanges ont tourné autour du thème, "leadership féminin et gouvernance institutionnelle". Après l'exposé du professeur Michel Bisa Kibul de l'Université de Kinshasa, sur l'origine des conflits à l'Est de la RDC, de Nadine Bakari, entrepreneure, femme politique et directeur de cabinet au ministère provincial de la santé, enfin Christelle Vuanga est intervenu sur le thème "participation politique et élections des femmes".
Se faire une place dans les listes électorales, un challenge pour les femmes politiques
La députée a raconté son pénible parcours aux échéances électorales de 2018. "J'étais une simple journaliste, mais je nourrissais aussi l'ambition d'intégrer la politique, servir ma nation dans ce secteur. Au cours du dépôt des dossiers pour candidatures aux provinciales (Bandalungwa), au niveau des partis politiques, j'ai également déposé mes dossiers. Je savais dans ma tête que j'étais déjà candidate provinciale. Cependant, le jour de la publication des listes définitives, mon nom n'a pas été retenu. Alors, des gens ont interrogé le président de ma plateforme, en demandant pourquoi je n'avais pas été retenue. Il leur a répondu qu'il y a des gens qui ont de l'argent, de l'expérience. On ne peut pas jeter un siège en le donnant à une femme journaliste." Il le rappelait à tout moment, se souvient Christelle Vuanga devant un auditoire d'environ cent jeunes femmes.
Grâce aux conseils de certains "aînés", Christelle Vuanga va se lancer pour les législatives nationales. "Je n'y ai pas cru aux premiers instants. Il fallait convaincre 7 communes de la Funa de voter pour moi. Je n'avais pas les moyens financiers pour la campagne mais j'ai tout de même déposé ma candidature. Deux suppléants, membres du parti, m'ont été donnés. Encore une fois, lorsque les listes ont été publiées (pré-listes), mon nom n'a pas été retenu. Je suis retournée au siège du parti pour voir le président qui était catégorique, il n'a pas changé ses propos. Plusieurs personnes sont intervenues et finalement mon nom sera retenu dans la liste définitive."
La campagne électorale
L'autre défi des femmes qui évoluent dans les partis politiques, et qui acceptent d'être alignées sur les listes électorales, c'est de battre campagne dans la circonscription de sa candidature. Face aux jeunes femmes, la députée nationale fait savoir qu'elle n'y a pas échappé. "Je me retrouvais à certains endroits où on me disait que mon prédécesseur avait soit laissé des vivres, soit des sacs de ciment et même de l'argent", se rappelle-t-elle, sous l'étonnement du public. C'est alors qu'elle va adopter la stratégie du porte-à-porte.
"Je rencontrais personnellement des familles, des personnes et leur demandait de voter pour moi. C'était la moindre des choses à faire", dit-elle.
Sur un total de 32.000 voix pour les 12 candidats de son parti politique, Christelle Vuanga remporte à elle seule 28.500 voix.
"La vie politique pour la femme, c'est très difficile"
Pour elle, ce témoignage permet en même temps aux jeunes femmes qui veulent se lancer en politique de réaliser les défis qui les attendent. "Que nul ne vous trompe. La vie politique pour la femme est dure, c'est pénible, c'est très difficile. Tu peux être appréciée si tu n'as pas d'ambitions. Mais, quand on est une femme qui sait dire non et oui quand il le faut, tu représente une véritable menace pour les hommes de ton parti," avoue-t-elle au public.
Au sujet de la composition du gouvernement Sama Lukonde, Christelle Vuanga fait également savoir que certaines réunions se sont tenues très tard dans la nuit. Mais, la détermination et la persévérance sont parmi les éléments qui ont permis à elle et aux autres femmes de participer à toutes les réunions.
Elle insiste "sans esprit de sacrifice, de concession, d'entente, le désir de briser les stéréotypes, les préjugés, une femme ne pourra pas tenir dans ce milieu".
Ouvrir la porte à d'autres femmes
Christelle Vuanga a appelé les femmes à être solidaires dans le milieu politique, peu importe leurs appartenances. " Je suis actuellement à l'Assemblée nationale, je me dit toujours, je m'estimerai heureuse si dans la prochaine législature, je peux amener ne serait-ce que deux députés femmes à l'Assemblée nationale. Si je puis battre campagne pour elles. Si je ne le fait pas, cela voudra simplement dire que j'ai échoué. Aucune femme ne peut évoluer, briller toute seule. Pour être une femme forte, il faut créer des forces, d'autres femmes fortes autour de soi. Lorsque l'adversité s'élèvera, elles pourront combattre à votre place."
A l’issue de cette activité, une vingtaine de femmes ont reçu des trophées pour leurs actions. Dans la catégorie Leadership, Dorcas Bwalelo, Annie Modi, Tracy Ntumba et Pascaline Zamuda ont été récompensées pour leur engagement. Égée Mapathi, Nicole Kavira et Gloria Senga dans la catégorie de l'activisme citoyen. Dans la catégorie Média, Nanouche Ngalula, Sarah Bopima et Feza Micka ont été primées. Allegra Fosh et Dorcas Mumbembe dans l’Entrepreneuriat, Licelv Mauwa dans l’art, et finalement Patricia Nseya en politique.
« Par la remise de ces Trophées, nous voulons mettre davantage de lumière sur les femmes qui réussissent afin d'en inspirer d'autres. Il y a tellement de succès stories, ces femmes qui nous inspirent et nous avons résolu au travers du CIC, de dire "Merci à toutes ces femmes, et de les exhorter à continuer de briller pour nous, pour elles et pour les générations futures », a conclut Tatiana Nguya.
Prisca Lokale