Violences à Bakuakenge : "les policiers montent dans les trains et demandent aux Kuba de s’identifier et de descendre"

Illustration. Les violences à Bakuakenge/ph. droits tiers

C'est un témoignage qui fait froid au dos. Celui qui le rapporte est un haut responsable de la Monusco, qui revient de Bakuakenge et qui a préféré garder l'anonymat.

" La situation est très tendue. Il y a des militaires et policiers envoyés les uns par Kananga (Kasaï Central) et Tshikapa (Kasaï).  Les éléments des forces de l'ordre venues de Tshikapa insultent ceux qui sont venus de Kananga en leur disant : nous avons reçu beaucoup d'argent pour venir ici et vous rien ", révèle ce haut responsable de la Monusco.

Il ajoute que les policiers venus de Kananga s'introduisent à bord des trains en provenance d'Ilebo ou Mweka,  identifient les Kuba et leur demandent de descendre : " Les policiers montent dans les trains et demandent aux Kuba de s’identifier et de descendre ". 

Quant aux personnes tuées à l'occasion des dernières violences,  ce haut cadre de la Monusco indique que la majorité est Kuba mais il y a aussi des Lubaphones et des Tetela. 

" Les personnes décédées ne sont pas que Kuba. Parmi elles, il y a des Lulua et des Tetela. Les deux victimes Lulua ont été spécifiquement visées à cause du fait qu’elles auraient soutenu que Bakuakenge appartenait au territoire de Mweka, la troisième, une femme tetela et son fils s’étaient aussi établis pour raison de commerce dans cette partie de Bakuakenge ", ajoute-t-il.

Pour lui,  la paix à Bakuakenge ne peut être instaurée que par une force neutre car il dit avoir la nette impression que les policiers et militaires sont manipulés par les politiciens de tous bords.

Quant aux blessés, il indique en avoir compté 13 au centre de santé de Kakenge,  à 15 kilomètres de Bakuakenge. Parmi les 13 blessés, 5 nécessitent des soins spécifiques. 

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Sosthène Kambidi