Dans la lutte quotidienne pour la survie des ménages à Kinshasa, le coronavirus a été d’un apport inattendu. Sur les grandes artères, dans les marchés et aux arrêts des bus, elles sont des dizaines à vendre exclusivement des masques.
« Lorsque l’état d’urgence sanitaire a été décrété, tout le monde s’empressait pour acquérir les masques. Les éléments de la police étaient également déployés pour faire respecter cette mesure. Je me suis alors lancée dans ce commerce qui jusque-là paie bien » dit Bibiche Kukendi, mère de 6 enfants et habitante de la Route Mokali à Kimbanseke (une commune urbaine du sud-est de la ville). Mme Kukendi a commencé à vendre des masques (communément appelés cache-nez) en février 2020. Dès 4heures du matin, elle quitte son domicile pour atteindre le centre ville. "J'arrive sur mon lieu de travail au plus tard à 7heures du matin. Je propose à ceux qui acceptent d'acheter et à 18heures, je m'apprête déjà à rentrer."
Gagner 50.000 Francs congolais tous les jours
Ces commerçantes ne craignent pas la fin de la pandémie. Elles ont chacune un commerce connexe. "Je vends aussi des sacs et Ketchs. Si le gouvernement déclare aujourd'hui la fin de l'épidémie, je retournerai à mon autre commerce. Mais, je retiendrai que ceci a été une belle expérience. Par jour, je ramenais plus de 50.000 francs dans mon ménage et je pouvais être fière de revenir le lendemain au même endroit et espérer gagner plus d'argent" confie Mireille Mulumba.
"J'achète un paquet de masques à usage unique à 13.000 francs congolais. Par jour, je peux vendre deux paquets et gagner le double de tout ce que j'ai dépensé," explique Bibiche, qui exerce son métier à cheval entre Limete, Pascal et Victoire. Et de renchérir, "Nous avons aussi des couturières qui ont accepté de nous confectionner les masques. Elles les font à 150 francs/pièce. Nous amenons simplement nos tissus" explique Bibiche qui vend la pièce à 500 francs.
Ruth Malanda a également un commerce entre Lufu( Frontière Angola ) et Kinshasa. "Je faisais un autre commerce. Mais depuis la fermeture des frontières, je me suis retrouvée face à cette réalité. Il me fallait de l'argent pour répondre à mes besoins. Je me suis lancée dans ce commerce, j'ai trouvé des amies. Avec un peu de courage, tout évolue bien."
Relâchement des gestes barrières, une perte dans le commerce
Pour Mireille Mulumba, la vente a sensiblement baissé depuis la levée de l'état d'urgence et le relâchement des gestes barrières. " Les gens ne s'intéressent plus aux masques. Pendant l'état d'urgence, je faisais des tours au marché pour payer des paquets de masques. Mais aujourd'hui, même quand la vente est très bonne, je ne vais pas au delà de 50.000 francs congolais." A conclu Mireille.
Prisca Lokale