RDC : le gouvernement rassure avoir pris “l’option d’intégrer dans son processus de réflexion de mise en œuvre de la situation tirée du rapport Mapping”

Illustration/inhumation d'une victime d'attaque des combattants ADF à Beni/Ph Yassin Kombi ACTUALITE.CD

Lors  de la cérémonie ce jeudi 1er octobre du lancement de la campagne nationale de sensibilisation et de plaidoyer sur le Rapport Mapping, organisée par l’Eglise du Christ au Congo (ECC), le ministre d’Etat en charge de coopération internationale,  intégration régionale et Francophonie, Pépin Guillaume Manjolo Buakila, représentant le Premier ministre à cette cérémonie, a affirmé que le gouvernement a décidé d’intégrer dans ses réflexions la “situation tirée du rapport Mapping”, en vue de rendre justice aux victimes des nombreux crimes imprescriptibles commis au pays.

« Le devoir de mémoire nous recommande de rappeler que les crimes qui ont été commis sur la terre congolaise entre 1885 et 1961, sont considérés comme les plus grands crimes jamais répertoriés dans les annales de l’humanité. C’est dire que cette terre qui est la nôtre a toujours été une terre des grandes souffrances depuis très longtemps. Le gouvernement a pris l’option d’intégrer dans son processus de réflexions de mise en œuvre de la situation tirée du rapport Mapping, y compris actuellement la justice transitionnelle. C’est une instruction qui a été donnée au ministre des droits humains qui y travaille. Donc c’est une conscience collective assumée et gérée par le gouvernement. Aussi les résolutions de vos travaux vont-elles être irriguées pour enrichir ce que le gouvernement fait déjà, de sorte que les instances appelées à discuter sur le processus éventuel qui intégrerait la communauté internationale, puisse être pris en charge », a dit Guillaume Manjolo.

Le gouvernement travaille sur deux projet portant sur la justice transitionnelle en faveur des victimes. 

Le Rapport Mapping publié par le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme répertorie plus de 600 crimes graves commis en RDC entre 1993 et 2003. Dix ans après, aucune recommandations dudit rapport n’est appliquée. Pour les ONG Human Rights Watch et Amnesty international, les autorités congolais n’ont pas fait assez pour amener les auteurs de ces violations à être jugés. Elles recommandent à Félix Tshisekedi à lutter contre l’impunité pour que « les personnes responsables de violations des droits humains – par le passé comme de nos jours – puissent rendre compte. 

Contexte

Le rapport de mapping de l'ONU a été élaboré par le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme et décrit les violations les plus graves des droits humains et du droit international humanitaire commises en République démocratique du Congo (RDC) entre mars 1993 et juin 2003. Il s'agit d'un document dense et détaillé, basé sur des recherches extensives et rigoureuses effectuées par une équipe d'une vingtaine de professionnels congolais et internationaux en matière de droits humains sur une période de 12 mois. Le rapport examine 617 des incidents les plus graves survenus dans tout le Congo sur une période de 10 ans et fournit des détails sur des cas graves de massacres, de violence sexuelle et d'attaques contre des enfants, ainsi que d'autres exactions commises par une série d'acteurs armés, notamment des armées étrangères, des groupes rebelles et des forces du gouvernement congolais.

Ce rapport indique que les femmes et les enfants ont été les principales victimes de la plupart des actes de violence recensés l'équipe de Nations-Unies. Il indique que la majorité des crimes documentés peuvent être qualifiés des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre. C'est donc un rapport puissant de la gravité des crimes commis au Congo et de l'absence choquante de la justice pour établir les responsabilités, sanctionner les auteurs de ces crimes odieux et réparer les dommages subis par les victimes.

Thérèse Ntumba