RDC: les honoraires salés des avocats de la république dans le procès Kabila

Ph. Pascal Mulegwa

Depuis le 25 juillet 2025, l’ancien président de la république, Joseph Kabila, fait face à un procès devant la Haute Cour militaire de Kinshasa pour des accusations graves, incluant haute trahison, soutien présumé à la rébellion M23/AFC, crimes contre la paix, homicide intentionnel, viol, torture, et occupation militaire de Goma. Ces chefs d’inculpation, détaillés par l’auditeur général des FARDC, s’appuient notamment sur un témoignage alléguant une conversation entre Kabila et un responsable du M23 concernant un complot contre le président Félix Tshisekedi. 

La levée de son immunité parlementaire par le Sénat le 22 mai 2025 a ouvert la voie à ces poursuites, dans un climat de tensions politiques exacerbées entre Kabila et le pouvoir actuel.

Pour défendre les intérêts de l’État dans ce procès d’envergure, sept cabinets d’avocats ont été mobilisés, avec des honoraires fixés à plus de 2 millions de dollars. Ce vendredi 1er août, ces avocats ont tenu à justifier les honoraires demandés, arguant que la complexité du dossier et les ressources nécessaires justifient cette facture. 

Maître Kabengela Ilunga, l’un des avocats de la république dans ce dossier, a précisé que la demande reste en deçà de 3 millions USD, qualifiant cette somme de « modeste » au regard des enjeux. Cette requête intervient alors que le procès, reporté au 7 août prochain à la demande des avocats de la république, suscite déjà des débats sur la gestion des fonds publics.

Toujours pour défendre les honoraires demandés, Me Kabengale Ilunga a souligné la « dangerosité » de Joseph Kabila, accusé de liens avec le M23, un mouvement armé soutenu par le Rwanda. Il a révélé que les avocats impliqués dans l’affaire font face à des menaces, ce qui, selon lui, justifie des moyens financiers accrus pour assurer leur sécurité et leur efficacité. 

« Nous sommes restés modestes dans nos exigences », a-t-il insisté, tout en dénonçant les tentatives d’intimidation visant à compromettre la défense des intérêts de l’État.

Le procès de Joseph Kabila s’inscrit dans un contexte de rivalité persistante entre l’ancien président et son successeur, Félix Tshisekedi, marquée par des accusations mutuelles de déstabilisation. Kabila, qui a quitté le pouvoir en 2019 après 18 ans de présidence, est perçu par le régime actuel comme une menace potentielle, notamment en raison de ses liens présumés avec l’AFC/M23. Son retour à Goma en mai 2025, dans une zone contrôlée par le M23, a renforcé les soupçons du gouvernement. Dans une allocution en mai, Kabila avait dénoncé une « dictature » sous Tshisekedi, accusant la justice d’être instrumentalisée, ce qui ajoute une dimension politique au procès.