Kasaï Oriental: à Mbuji-Mayi, un collectif d'ONG dénonce la pratique de la torture et la réouverture du cachot de l'ANR

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Le collectif des organisations de promotion et de défense des droits de l'homme du Kasaï Oriental s'est,  dans un communiqué rendu public ce vendredi 26 juin, dit préoccupé, par la réouverture du cachot à la direction provinciale de l'ANR à Mbuji-Mayi et révèle que les pratiques éhontées de la torture sur les paisibles citoyens ont refait surface. 

Il note le cas de Jeannot Kabangu Kanyinda, agent de gardiennage d’un centre commercial à Mbuji Mayi que le directeur provincial de l'ANR/Kasaï Oriental a fait enlever le 14 juin dernier juste pour lui avoir demandé d'observer les mesures barrières.

"La victime n'a voulu que faire respecter les mesures barrières édictées par les autorités de lutte contre la Covid-19 et lui a demandé de se laver les mains et de passer par l'estrade d'entrée alors qu'accompagné (Ndlr, directeur de l'ANR) de son épouse n'ont pas voulu utiliser l'estrade d'entrée", peut-on lire dans ce document.

Et de poursuivre:

"C'est ce qui aurait suscité la colère du directeur. C'est ainsi qu'il a fait appel à ses agents de l'ANR,  à leur tour ils ont kidnappé la victime pour l'acheminer à leur cachot, séquestré pendant trois jours où il serait soumis aux tortures physiques telles que le coucher à même le sol sur un pavement en ciment trempé d'eau,  lui imposant de dire qui lui aurait donné l'ordre de se jouer des autorités, en plus ils lui auraient fait des inhalations des substances inconnues pouvant nuire à sa santé, après avoir été soumis à un interrogatoire sous des douleurs atroces des coups des matraques reçus".

Le collectif des ONGDH indique que la victime a été remise à l'auditorat militaire au motif qu'elle détiendrait des effets militaires. Le directeur de l'ANR cherche ainsi à couvrir son forfait, insinue le communiqué.

Peiné par ces actes qui coïncident avec la date du 26 juin consacrée à la journée mondiale contre la torture et fort de la loi portant criminalisation de la torture et qui réprime l'acte de torture posé par tout fonctionnaire public, le collectif des ONGDH qui comprend en son  sein dix organisations dont Action contre l'impunité pour les droits de l'homme, ACIDH et SOS-Afrique recommande au président de la république de prendre des mesures exemplaires en suspendant préventivement le directeur de l'ANR mis en cause pour qu'il n'agisse en représailles en usant de son pouvoir pour nuire aux témoins et au procureur général près la Cour d'appel du Kasaï Oriental d'ouvrir en toute urgence un dossier judiciaire contre le directeur et de prendre des mesures pour la protection de la victime et des témoins.

Il sied de signaler que la victime Jeannot Kabangu qui se trouve à la disposition de l'auditorat militaire supérieur depuis le 16 juin a porté plainte contre le directeur provincial de l'ANR.

Sosthène Kambidi, à Kananga