RDC-Ebola : des infirmiers ayant presté dans la riposte sommés de payer jusqu’à 50 % de leurs primes avant de réintégrer leurs anciennes structures

Riposte

Plusieurs infirmiers ayant presté dans la riposte contre la maladie à virus Ebola dans la province du Nord-Kivu (Beni, Butembo et Lubero) sont empêchés de réintégrer leurs anciennes structures sanitaires, alors que le pays s’apprête à déclarer la fin de l’épidémie d'Ebola qui sévit dans cette région depuis août 2018. Certains sont accusés d'être des déserteurs pour avoir rejoint la riposte contre Ebola sans respect de la procédure administrative, alors que d’autres sont sommés de payer jusqu’à 50 % de leurs revenus issus de la riposte pour pouvoir réintégrer leurs anciens postes dans les différentes structures sanitaires. 

L’intersyndical de la santé, qui le révèle à ACTUALITE.CD, indique avoir enregistré et documenté à son bureau de Butembo plus d’une dizaine de plaintes. Okelo Vake, son coordonnateur, affirme que l’essentiel des plaignants viennent des structures sanitaires gérées par les confessions catholiques et protestantes dans les zones de santé de Butembo, Katwa, Kalunguta et Mabalako. Il dit attendre réunir toutes les plaintes, en vue de saisir la division provinciale de la santé pour que ces infirmiers qui ont contribué à sauver les vies pendant Ebola soient remis dans leurs droits. 

« A la venue d’Ebola, des infirmiers ont rejoint la riposte. Certains sont partis sans respect des procédures, et d’autres les ont respectées, parce qu’ils avaient même des ordres de mission qui signifient qu’ils étaient détachés de leurs fonctions. Mais à la fin des services dans la riposte, les infirmiers ne sont plus reçus dans leurs services respectifs. On les accuse d’être déserteurs. D’autres, on leur demande de payer les uns (réseau catholique) 25%, d’autres (réseau protestant) 50 % de la prime qu’ils ont reçue dans la riposte. C’est difficile, parce que quand on a reçu sa prime, on la gère comme on veut.  Quand ces responsables demandent cet argent, est-ce que c’est administratif ? Est-ce qu’on peut partager son salaire ou sa prime avec d’autres gens, alors qu’on a travaillé pour ça ? Le salaire c’est un droit. Ca ne doit pas se passer comme ça », déplore Okelo Vake. 

Il appelle les autorités à suivre de près cette situation pour ne pas décourager les professionnels de la santé.

« C’est un mauvais traitement. Quelqu’un qui s’est donné pour aller lutter contre Ebola, une maladie hautement létale. Nous connaissons le contexte dans lequel ces infirmiers travaillaient : certains ont été molestés, on a incendiés les centres où ils prestaient, on a caillassé les véhicules, maintenant quelqu’un qui s’est donné comme ça pour sauver des vies, on lui traite comme s’il a mal fait d’aller sauver les gens. Ca décourage. Il faut que les autorités s’y impliquent», indique-t-il. 

Claude Sengenya