L'hôpital général de référence de Kinshasa(Ex Mama Yemo) est confronté à divers problèmes: l’équipement en matériels, l’insalubrité ainsi qu’au manque au sein du dépôt pharmaceutique. Une situation qui affecte la qualité des soins au service interne des prématurés. Reportage
Selon l’OMS, la survie des bébés prématurés dans un pays à faible revenu, dépend des soins réalisables et abordables tels que le maintien au chaud, l’allaitement et les soins de base pour traiter les infections et les problèmes respiratoires. Dans le cas contraire, la moitié des bébés nés à 32 semaines (2 mois trop tôt) peuvent trouver la mort au cours des premiers jours de leur vie.
A Mama Yemo, deux salles du pavillon 17(pédiatrie) sont réservées aux bébés prématurés. Ce sont des salles construites depuis l’époque coloniale et dont les infrastructures sont vétustes. Au total, 10 bébés prématurés sont actuellement pris en charge par le service. A l’intérieur de la première salle, 6 anciennes couveuses en panne- servent actuellement de lits pour les nourrissons. Dans la deuxième salle, 8 autres couveuses, toutes occupées.Il n’y a qu’une seule couveuse chauffante. Par jour, on compte six infirmières en service.
Tour à tour dans les salles, elles doivent s’assurer de l’évolution de chaque cas. Une infirmière explique: “Lorsqu’un enfant né prématurément, cela signifie qu’il n’a pas atteint un niveau complet de son développement organique. Après les soins aux urgences de l'hôpital, les médecins dressent une liste de médicaments à lui administrer. Nous l’accueillons ensuite dans ce service pour le placer dans une couveuse chauffante. Nous plaçons le cathéter ombilical -et l’oxygène, lorsqu’il éprouve des soucis de respiration-” explique l’infirmière qui travaille depuis cinq ans dans cette unité. “Au départ, le nourrisson considéré comme petit poids ou prématuré ne consomme que des antibiotiques. Il est placé sous perfusion pour lui permettre de développer les réflexes de succion et de déglutition. Après quelques jours, nous invitons sa mère pour l’initier à l’allaitement maternel. Nous veillons sur l’hygiène du lieu et du personnel étant donné que les prématurés sont très fragiles,” souligne-t-elle.
Pendant ce temps, à l’aide d’une petite bouteille en verre, une des six infirmières offre du lait à un prématuré.“Cet enfant évolue très bien. Il a déjà atteint l'âge de succion. Bientôt sa mère pourra l’allaiter.”
Un seul appareil d’oxygène pour 10 prématurés
Malgré les dispositions prises pour offrir des soins de qualité aux prématurés, ce service connaît plusieurs difficultés. Des six infirmières, aucune ne portent des gants. “Parfois, nous recevons des enfants dont les parents n’ont pas les moyens financiers. Ici, nous n’avons pas de dépôt pharmaceutique. Le Chef d’équipe devra alors prendre en charge toutes les dépenses(...) Nous n’avons pas de matériels en quantité suffisante. Le seul appareil d’oxygène que nous avons ne peut pas prendre en charge tous les enfants. Et lorsqu’il y a coupure d’électricité, le risque de perdre ces enfants s’accentue.” reconnaît une autre infirmière avant d'être complétée par Corneille Mbala, coordonnateur du service de pédiatrie “nos médecins, nos infirmiers viennent aussi avec leurs propres matériels pour soigner des patients. Des stéthoscopes, des thermomètres. Il s’agit là du matériel dont nous manquons parfois dans ce service.”
S’agissant du décès des prématurés suite aux coupures intempestives d’électricité le 10 février, le coordonnateur affirme “l'hôpital général est le dernier recours. Nous recevons des patients dans un état très critique. Pour ce jour là, tous les prématurés reçus venaient des centres de santé de la cité, le personnel a bien travaillé pour sauver la vie de ces derniers. Sur un total de 12, un seul n’a pas survécu à cause de son poids et de la distance parcouru avant d’arriver à Mama Yemo.”
En outre, les infirmières commises à ce service reconnaissent avoir des difficultés en termes de motivation, de tenues et autres besoins; mais aucune des six n’a voulu en parler clairement, par “soumission à la situation économique actuelle du pays.” Le vendredi, 14 Février, la fondation la Colombe de Mme. Hamida Kamerhe a fait don d’un groupe électrogène à ce service. Ados Ndombasi, député national, avait également annoncé des démarches entreprises auprès du ministère provincial de la santé et du gouvernorat de la ville de Kinshasa.
Prisca Lokale