Les deux ambassadeurs congolais accrédités à l’ONU et limogés par la ministre des affaires étrangères pour avoir apporté leur soutien à la Chine sur le dossier Ouïghoure ont agi avec l’aval de la « hiérarchie », a affirmé le secrétaire général des affaires étrangères, réconfortant la jeune sénatrice Francine Muyumba.
Cette sénatrice, présidente de la commission des relations extérieures du sénat, a interpellé la ministre des Affaires étrangères, Marie Ntumba Nzenza, au sénat en l’adressant une question écrite pour des explications.
De Genève à New York, les deux ambassadeurs, Ignace Agata (à l’ONU) et son collègue Zénon Mukongo (à Genève et au conseil des droits de l’homme) ont voté en faveur de la Chine sur le dossier Ouighoure dans la province de Xinjiang, région où Pékin est accusé d’exercer une répression contre la minorité.
Dans les explications du SG Ileka exigées par la ministre via une correspondance, les deux diplomates ont « dûment requis les instructions de l'aval de la Centrale lesquelles ont été formulées après concertations avec les autorités gouvernementales compétentes, plus précisément le ministre a.i des affaires étrangères et intégration régionale et la ministre aux droits humains ».
Un soutien justifié par les relations entre Kinshasa et Pekin.
« Au conseil de sécurité des Nations-Unies tout comme au Conseil des droits de l'homme », rappelle le secrétaire général, « le soutien de la Chine a été très remarquable ».
A l'Assemblée générale et au conseil des droits de l'homme particulièrement, « la Chine a non seulement milité pour l'entrée de la RDC au Conseil des droits de l'homme, mais elle a surtout soutenu la ligne de défense des intérêts de la RDC notamment lors du passage de la RDC à son troisième examen périodique universel en avril 2019 », explique le secrétaire général Christian Atoki Ileka. Le soutien apporté par les deux diplomates congolais a attiré l’ire des Etats – Unis, en partenariat « privilégié » avec Felix Tshisekedi.
Dans les rangs des pros Kabila, la décision de la ministre n’est pas soutenue.
« S'il s'avère que les pressions de X ou Y pays ont poussé à cette réaction excessive et maladroite, cela mettrait en péril nos fondements diplomatiques traditionnels dont l'ouverture sans exclusive et le neutralisme positif. La RDC est naturellement une puissance d'équilibre », a déclaré l’ambassadeur Michael Sakombi.
Au sénat, la sénatrice Muyumba a dénoncé la violation de la constitution par la ministre. Pour étayer ses propos, elle a évoqué l’article 81 de la constitution.
Laquelle dispose que le Président de la République a le pouvoir de nommer, relever ou révoquer, sur proposition du Gouvernement, les ambassadeurs et les envoyés spéciaux.
La décision de rappeler définitivement les deux ambassadeurs peut avoir « de lourdes conséquences, si elle n’est pas rapportée par la ministre ou annulée par le Président de la République », a menacé la jeune sénatrice.
Christine Tshibuyi