Ituri : Un chef de localité et son fils tués par des hommes armés à Djugu

Photo ACTUALITE.CD.

C’est le chef de localité Bakonde, en chefferie Banyali Kilo, dans le territoire de Djugu, et l’un de ses fils ont été tués, ce samedi 13 juillet dans la matinée, par des hommes armés. D'après Kiza Mateso, administrateur adjoint du territoire de Djugu, les victimes ont été surpris au champ.

« Ces inciviques ont trouvé ce chef et son enfant dans le champ et les ont tués. Nous observons une tension maintenant ici à Kilo-centre. Les gens s'insurgent contre la recrudescence de l'insécurité perpétrée par les hommes armés », a-t-il dit à ACTUALITE.CD.

La même tension est observée également dans la commune rurale de Mungbalu, zone riche en or.

« Il y a des soulèvements ici par un groupe de jeunes qui manifestent contre cet acte. Des dégâts seraient enregistrés mais nous tentons de calmer la situation. Ces jeunes disent compatir avec leurs frères de Kilo. Présentement la circulation routière entre Kilo et Mumbgalu est suspendu », a expliqué Denny Masiko, président de la société civile locale.

Le gouverneur de l’Ituri, Jean Bamanisa, a lancé, jeudi 11 juillet, un appel à l’unité à l’endroit des couches sociales de sa province qui est déchirée, depuis avril dernier, par des violences armées dans le territoire de Djugu.

« A ce jour, notre Province se trouve dans une situation sécuritaire particulière qui en appelle à l’unité de tous. En effet, la province de l’Ituri connaît encore des cycles des violences et de l’insécurité qui mettent à mal les fondements sociaux et culturels, des relations humaines, détruisent les infrastructures sociales et économiques et affaiblissent l’administration et l’ensemble du système de gouvernance de la province au point que les populations semblent être prédisposées aux violences. Devant ces drames que nous vivons et qui déstabilisent notre province et empêchent son décollage, notre force est dans l’unité de toutes les filles et tous les fils de l’Ituri », a lancé Jean Bamanisa.

Contexte

Les violences armées ont resurgi, en avril dernier, dans le territoire de Djugu. L’armée a identifié un certain « Ngudjolo » comme le chef de la milice dont les hommes opèrent dans plusieurs localités et dans la chefferie de Mokambo,, en territoire de Mahagi. 

Mgr Dieudonné Uringi, évêque du diocèse de Bunia, a dénoncé aussi l’existence d’un secte mystico-religieux dénommée CODECO, qui encourage les violences ayant déjà fait plus d’une centaine de morts dans le territoire de Djugu. L’armée a annoncé, dimanche, avoir démantelé ce groupe armé après les offensives menées depuis le 27 juin pour la conquête du bastion des miliciens, situé dans la forêt Wago, dans le cadre de l’opération « Zaruba ya Ituri (Ndlr : la tempête de l’Ituri) ». 

Le territoire de Djugu avait déjà été secoué par des violences meurtrières en 2017 et 2018. Plus de 200 civils étaient tués, des villages entiers incendiés et plus de 2000 personnes avaient traversé le lac Albert pour vivre en Ouganda. Des centaines de déplacés internes, arrivés à Bunia, ont été installés autour de l’hôpital général. Cette année, le HCR a dénombré plus de 300 000 personnes qui ont fui les violences, depuis début juin, dans les territoires de Djugu et Mahagi.

Franck Asante