La violence armée ciblant les équipes de la riposte contre l'épidémie de fièvre hémorragique à virus Ebola dans les provinces du Nord-Kivu et en Ituri a empêché le bon déroulement des activités de riposte entre les mois de mars et mai derniers, causant l'apparition de 1000 nouveaux cas en dix semaines, d'après le ministère de la Santé.
La conséquence de cette violence armée est que "1000 nouveaux cas ont été enregistrés ces 10 dernières semaines alors que le cap des 1000 premiers cas a été atteint en 33 semaines (8 mois)", a soutenu samedi l'autorité sanitaire.
"Chaque attaque armée ciblant la riposte et chaque suspension des activités ont conduit à une augmentation des cas d’Ebola, les 10-15 jours suivants", ajoute la même source.
Déclarée en août 2018, cette épidémie a déjà franchi la barre de 2000 cas pour 1 381 décès, selon les chiffres officiels, en date du 7 juin 2019.
La République démocratique du Congo (RDC) fait face à sa 10ème épidémie d'Ebola, une première dans sa façade orientale infestée d'une centaine de groupes armés.
Si depuis la première épidémie en 1976 la RDC parvient régulièrement à contenir facilement Ebola, l'insécurité régnante dans la région explique la persistance de la présente flambée. Les groupes armés détruisent les centres de traitement d'Ebola et tuent des agents de santé. En avril dernier, un médecin camerounais déployé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a péri, à Butembo, dans une attaque perpétrée par les miliciens Maï-Maï, alors qu'il était en réunion avec ses collègues.
"Le virus se propage quand les équipes sont dans l'incapacité d'accomplir leurs activités pour diverses raisons (refus de la famille, insécurité, fuite du malade, etc.)", s'explique le ministère.
"Afin de briser la chaîne de transmission du virus Ebola, une série d'activités doivent être réalisées autour de chaque malade d'Ebola", ajoute la même institution qui orchestre la riposte.
Les autorités congolaises se sont félicitées d'avoir réussi à contenir géographiquement l’épidémie à seulement deux provinces de la RDC alors que, sur une même période, "l’épidémie d’Afrique de l’Ouest avait atteint 9 pays."
A ce jour, 11 des 22 zones de santé touchées n'ont plus rapporté de cas d'Ebola pendant plus de 21 Jours.
La neutralisation des groupes armés est un impératif pour une riposte efficace contre Ebola en RDC.
Au cours d’une rencontre à Kinshasa les 5 et 6 juin, les chefs des services de renseignements des quatre pays de la sous-région des Grands Lacs africains (Rwanda, Ouganda, RDC et Tanzanie) ont annoncé, vendredi, "une action régionale coordonnée et concertée" contre des rébellions et groupes armés actifs dans l'est de la RDC.
Christine Tshibuyi