Les élections des gouverneurs de province du mercredi 10 avril, ont donné une majorité au Front Commun pour le Congo (FCC). Au même niveau que les sénatoriales et législatives, cette coalition politique autour de Joseph Kabila a gagné la gestion des institutions publiques. Contactées par Actualite.cd, deux femmes politiques ont donné leurs lectures du déroulement de ces élections et les perspectives d'avenir.
« Je suis scandalisée par ces résultats. Pour les provinces où les élections se sont déroulées, c’est le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) qui a remporté les postes plutôt que le FCC en tant que coalition. Je me demande bien comment pourra faire le président en place pour gérer le pays. Même lorsqu’il faudrait parler de démocratie, est-ce que ces députés, sénateurs et gouverneurs ont été élus par méritocratie ou autre chose ?», s'interroge Emilie Mburanuwa, conseillère principale de l'AFDC
« Les résultats de ces élections des gouverneurs démontrent que le FCC a battu sa campagne à tous les niveaux. Nous avons la base, nous avons des députés élus sur toute l'étendue du pays. Tout le monde le dit et c'est clair que le Front Commun pour le Congo continue de gagner », surenchérit Mélanie Kikoo, fédérale de la CCU à Goma.
Lors de sa visite aux Etats-Unis, Félix Tshisekedi avait annoncé une opération de déboulonnage de l'ancien système dictatorial. Comment pourrait-il y parvenir avec ces résultats ? Mélanie et Emilie donnent leur point de vue à ce propos.
“Le président Félix Tshisekedi sait que lorsqu'il faut parler de corruption, ce n'est pas dans le FCC que l'on va trouver la corruption. Quand on parle des personnes crédibles, c'est toujours des personnes que l'on trouve dans le FCC. Je pense que celui qui a parlé du déboulonnage risque de se faire déboulonner lui-même. Le FCC a fait une passation pacifique du pouvoir, il est temps à présent pour que l'opposition dirige le pays”, explique Mélanie depuis Goma.
Pour Emilie Mburanuwa, “avec ces résultats, le président ne pourra rien faire. Nous sommes en train de sombrer dans le chaos. Mais, de toutes les façons, nous attendons la suite pour le reste des provinces. Dans certaines provinces, il y a encore des contentieux, nous attendons les résultats des élections. S’il faut s’en tenir uniquement à ces résultats, le président Tshisekedi ne pourra rien faire”.
Si les élections des gouverneurs n'ont pas connu une forte participation des femmes, Henriette et Mélanie tentent d’en donner les raisons..
“Si les femmes n'ont pas postulé au gouvernorat, c'est d'abord parce qu'elles n'ont pas été élues aux législatives. Les femmes en majorité ne votent pas pour les femmes. C'est aussi parce que les lois votées en faveur des femmes ne sont pas encore mises en application. Nous continuons cette lutte pour une représentation des femmes dans les institutions du pays”, rassure Mélanie Kikoo.
"Les femmes n’ont pas d’argent, elles n’ont pas de soutien. Etant donné que ces élections se sont basées sur une certaine influence financière, les femmes n’ont pas pu y participer", dit la conseillère principale de l’AFDC.
Prisca Lokale