Grégoire Kiro (RCD-KML) : "Le gouvernement Tshibala est un passage en force car non conforme à l'Accord"

Le député national Grégoire Kiro, secrétaire général du RCD-KML (Rassemblement), a qualifié ce mardi 9 mai 2017 la publication du gouvernement Tshibala de “passage en force” car il viole, selon lui, l’accord du 31 décembre 2016. Dans une interview accordée à ACTUALITE.CD à Goma (Nord-Kivu), l’élu de la ville de Beni a, par ailleurs, estimé qu’il faudra organiser les élections le “plus tôt possible” afin que le peuple congolais décide du renouvellement de la classe politique.

<b>Comment réagissez-vous après la publication du gouvernement Bruno Tshibala ? </b>

<em>Je crois que ce gouvernement entre dans la logique du chef de l’Etat ainsi que de la Majorité, c'est-à-dire qu’on fait fi de l’accord du 31 décembre 2016 pour un passage en force tout simplement. Il n'y a aucun changement par rapport au gouvernement Badibanga. C’est la violation de l’accord.</em>

<b>Quelle peut être la conséquence de cette violation de l’accord du 31 décembre ? </b>

<em>La conséquence, c’est qu’il n'y aura reconnaissance ni à l’interne ni à l’international. Donc, la crise politique continue, il n'y a aucune différence. Les bailleurs auront du mal à financer les élections. Ils n’auront le soutien de personne à l’interne et cela va faire que la gouvernance qui est catastrophique aura des résultats plus catastrophiques. Vous savez que la crise socio-économique ne s’est jamais aussi bien portée que maintenant depuis l’indépendance. Avec cette crise là, je me demande bien où va le pays. Je suis très pessimiste.</em>

<b>Comment se fait-il que la Majorité Présidentielle garde les ministères dits de “souveraineté nationale”? </b>

<em>Voilà ! C'est ce qu’ils voulaient. Ils n’ont jamais voulu lâcher un seul kilo du pouvoir. Ils gardent tout. Ils font comme s'il n’y avait pas de crise politique en RDC, comme s’il n’y avait jamais eu d'accord. On ignore le Rassemblement.</em>

<b>A quand finalement le renouvellement de la classe politique à votre avis ? </b>

<em>Il faut qu’il y ait des élections pour que le peuple décide de renouveler la classe politique. Et nous continuons d’exiger que les élections aient lieu le plus tôt possible.</em>

<b>Croyez-vous à cela d’ici la fin de l’année ? </b>

<em>En 2017, personnellement,  je pense que ça ne sera pas possible. Avec tout ce que la Majorité nous a mis, il nous sera difficile d’organiser les élections. Nous sommes déjà au mois de mai, rien pratiquement n’a été encore fait, aucun fonds n’a été mobilisé, mais nous allons continuer à nous battre pour que cela ait lieu le plus tôt possible.</em>

<b>Face à cela, quelle alternative ? </b>

<em>L’alternative, c’est la lutte. Nous devons continuer à lutter. Nous ne devons pas baisser les bras, le pays nous appartient. Nous n’allons pas laisser à une clique les soins de le (pays) gérer comme elle l'entend sans jamais tenir compte des desiderata politiques, sociaux, économiques de la population… Ils font donc comme s'ils n'avaient des comptes à rendre à personne.</em>

<b>Interview réalisée par Patrick Maki </b>

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