Le professeur Daniel Mukoko Samba appelle le gouvernement congolais à revoir le système fiscal du pays pour lutter contre la fraude fiscale et la contrebande. Pour l’ancien vice-Premier ministre et ministre du Budget, la multiplicité des taxes imposées par plusieurs services et de manière non coordonnée contribue sensiblement à l’augmentation des prix des biens et services sur le marché.
Pour lui, ce sont les consommateurs au final, c’est-à-dire la population, qui en paient les frais.
"Notre pays a besoin d’une révolution fiscale qui partirait des questions suivantes : Pourquoi taxe-t-on ? Quels produits et services doit-on taxer ? A quel niveau va-t-on taxer? Ces questions, qui apparemment sont banales, restent par contre très fondamentales. En exemple, les taxes auxquelles sont soumises les sociétés de téléphonies mobiles. C’est incroyable! La structure des prix des produits pétroliers est lourde. Il faut que le pays adopte un système plus simple. Quand vous pensez qu’en accumulant trop de taxes vous allez collecter plus, au fait vous colletez au contraire moins. Ne dit-on pas que trop de taxe, trop d’impôt, tue l’impôt", s'est-il exclamé.
Autre facteur à revoir, selon le professeur Mukoko Samba, c’est la lourdeur dans le processus dédouanement.
"Pourquoi les gens auront-ils intérêt à frauder ? Soit qu’ils ne veulent pas payer les taxes, soit que c’est plus facile de frauder que de se conformer aux procédures douanières ? Soixante trois jours pour faire sortir une cargaison, c'est énorme ! Quelqu’un peut-il être motivé à frauder parce qu’il veut réduire ce temps ?"
L’ancien locataire du ministère du Budget plaide également pour une coordination des services d’assiettes.
« Si vous prenez le ficher de ceux qui importent, le volume de leur importation sur une année, ces informations devraient normalement être comparées avec ce qu’ils ont déclaré comme impôts sur le bénéfice, même dans leur comptabilité par rapport à leurs chiffres d’affaires. Ces données existent, la douane peut donner des informations sur le volume des importations ou encore le ministère du Commerce. Mais ce n’est pas la douane qui a les informations sur les chiffres d’affaires. Il faut demander à la DGI. Est-ce que ces administrations fiscales collaborent ? Comme nous avons créé trois régies financières, elles doivent coordonner leurs activités pour assurer un contrôle sérieux surtout que nous sommes dans un régime fiscal déclaratif, c'est-à-dire que c’est le contribuable lui-même qui vient déclarer ce qu’il a comme chiffre d’affaires ».
Pour rappel, dans son discours à la nation, le président Joseph Kabila a également affirmé, dans le même ordre d’idées, que tant que notre système fiscal sera écrasant, discriminatoire et truffé d’une parafiscalité lourde, le climat des affaires ne sera pas propice à l’investissement productif ni au civisme fiscal.
<strong>Willy Akonda Lomanga</strong> et <strong>Judith Booto</strong> (Stagiaire IFASIC)/ desk Eco