Rassemblement: Après la fronde, le retour un à un - (Dossier)

Frustration, énorme orgueil, favoritisme, intérêt personnel. L'onde de choc se sera répandue sur un rayon qui dépasse largement la sphère congolaise. Effet négatif sur l'Acte d'engagement de Genval qui avait en ligne de mire la date fatidique du 19 décembre 2016. Élan de réalisme ? Peut-être de pragmatisme aussi, au terme de l’Accord de la Saint Sylvestre.

Récemment, le Rassemblement a volé en éclat sous le regard triste de la population congolaise, au point de mettre le camp du pouvoir en position de " donneur de leçon". Avant l’épisode, la grandeur de la plateforme faisait tout simple rêver plus d'un congolais désireux du "changement". Dernier coup de maître d'Etienne Tshisekedi, opposant historique qui parachevait ce qu'il qualifiait lui-même comme son "dernier combat" en 2011 avant la tenue des élections dont il s'est considéré vainqueur jusqu'à la fin de ses jours.

Le Rassemblement des forces sociales et politiques acquises au changement (RASSOP) aura marqué ce qu’a été la fin d'une vie de lutte politique pour Etienne Tshisekedi. Pourtant, 40 jours seulement après sa mort, le dernier fruit du combat du sphinx de Limeté bat de l'aile.
Spectacle pour le moins ahurissant. Raison principale: une guerre de positionnement. Les ambitions des uns et des autres mises à nu. Favoritisme pour les uns et méfiance pour les autres. Bref, une étape qui a laissé penser (pendant plusieurs jours) que l'avenir du Rassemblement ne sera désormais plus le même avec la mort de son autorité morale. Soit ! Ça ne sera carrément plus aussi facile que ça. Certains observateurs se sont même permis d'annoncer la fin prochaine de ce regroupement politique dans sa forme connue.

Tout est parti de la restructuration de la plateforme. D'abord annoncée et ensuite réalisée par les différentes composantes signataires de l'Acte d'engagement.

<strong>Quand les politiques font la sourde oreille</strong>

Le décès d'Etienne Tshisekedi pose un problème de succession à la tête du Conseil des Sages. Ce poste stratégique ouvre la voie à la présidence du Comité national de suivi de l'accord politique du 31 décembre 2016, mais pas que. Il y a aussi ce poste. « Président du rassemblement ». Mais voilà, c’est presque impossible de trouver une personne qui aura le même charisme politique, la carrure et l’aura de Tshisekedi. Le remplacer relève presque de l'impossible, du coup, c’est la bataille. L'UDPS et le G7 trouvent vite l'astuce: restructurer pour éclater les prérogatives dévolues au "Sphinx" en présidence du Rassemblement et présidence du Conseil des Sages. ça fait deux. Deux présidences. Aussitôt dit, aussitôt fait.

Vite, Félix Tshisekedi et Pierre Lumbi sont désignés. Seulement, cette restructuration n'est pas du goût de tous. Cela offusque essentiellement les membres d'une frange de la Dynamique de l'opposition, déjà en proie à une division interne. Olenghankoy et ses pairs crient au putsch et se désengagent. Olenghankoy, lui, se considère comme l’héritier politique du sphinx de Limeté.

Le camp des « anti-restructuration » désigne à son tour Joseph Olenghankoy comme Président du Conseil des Sages. Bruno Tshibala membre de l’UDPS, fidèle à Tshisekedi jusqu’à ses derniers jours le soutient. L’UDPS considère cet acte comme une « auto-exclusion » de l’homme politique.

<strong>Retour à la pointe des pieds…</strong>

Le ciel semble de plus en plus s'éclaircir depuis quelques jours au Rassop. Du moins, pour la branche pro-restructuration qui compte chaque jour des retours et pas de moindre. Le premier à entrer en scène est Lisanga Bonganga, Coordonateur des Alliés d'Etienne Tshisekedi qui sera très vite rejoint par le G14. Place, en suite, à Gilbert Kiakwama, modérateur de la même aile de la Dynamique que Joseph Olenghankoy. Il a annoncé à son tour son soutien à Félix Tshisekedi. On réalise du quel côté ( des deux franges) la balance a décidé de se pencher.
Le parti Orange, dirigé par Fiyou Ndondoboni a lui aussi annoncé avec faste son retour à Limeté après une tournée de médiation qui a vu s’asseoir sur une même table Félix Tshisekedi, Freddy Matungulu et Gilbert Kiakwama. C’est presque un tandem, dirait-on ! Il révélera très vite son secret. Mais quand les 3 hommes jurent urbi et orbi sur l'unité du Rassemblement, l'arrière plan de la photo semble être révélé. Reste plus que l'indéboulonnable et téméraire Olenghankoy, galvanisé par le soutien de Bruno Tshibala, "auto-exclu" de l'UDPS qui ne reconnaît à personne le droit de lui imposer ce nouveau statut.

Le président de FONUS, qui, hier encore sur son compte Facebook, considérait comme des "putschistes de Limeté" la frange Tshisekedi-Lumbi, semble ne pas vouloir fléchir. Olenghankoy, aucune concession, vraiment ?

Le 7 mars dernier, il devait rencontrer Félix. Rencontre avortée. Olenghankoy sera sans doute la carte à jouer pour la réunification totale du Rassemblement. Aujourd'hui le regard et l'espoir du peuple dirigés vers cette plateforme. L'unité du rassemblement.

Plus ça traîne, plus la mise en oeuvre de l'accord traîne.
Plus ça traîne, plus les mois passent, plus l'organisation des élections semble incertaine.

Plus ça traîne, plus la situation politique reste assez floue,
Plus ça traîne, plus Joseph Kabila ne perd vraiment rien.

Entre-temps, Félix Tshisekedi ne boude pas, le retour des frondeurs, un à un...

<span style="color: #0000ff;"><strong>Jacques Kini et Ange Kasongo</strong></span>