Al Kitenge : "Si l’on arrive aux élections ventre vide, l’on devient fragile et achetable"

Al Kietnge appelle les dirigeants congolais à privilégier au premier plan l’économie du pays. Dans une interview accordée à ACTUALITE.CD, cet analyste économique estime que si la politique l’emporte sur l’économie, le pays devient instable, avant d’ajouter qu’il est difficile à un peuple affamé de poser un acte responsable lors des élections.

Samy Badibanga succède à un économiste à la tête de l’exécutif national. Quelles seraient les priorités du nouveau premier ministre pour redresser l’Etat économique du pays ?
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-95" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="95"><em>La situation du pays est précaire. Nous sommes dans une situation politiquement instable et l’une de cause de cette instabilité c’est la pauvreté. Elle nous décrédibilise sur le plan de l’image du pays, mais elle nous fragilise aussi par rapport à la sécurité intérieure. N’importe qui sait que nous n’avons pas le moyen de nous défendre. Le premier point sur lequel il faut travailler c’est la solidité de notre économie. Cette dernière a 2 qualités. D’abord la diversification de l’économie afin d’avoir des assises stables. Puis l’amplitude de notre économie. Notre économie, est trop petite il faut la porter à l’échelle. Pour y arriver il faut faire des grandes choses. Et aujourd’hui il n’y a pas mieux à faire que les infrastructures de production et de distribution d’énergies.  Nous avons un potentiel d’énergie propre tellement important que nous pouvons alimenter tout le pays, mais également une grande partie de l’Afrique. Pour moi il est important d’engager les grands travaux dans les secteurs des infrastructures d’énergie et de transport. La seule chose qui nous manque c’est l’argent. Pour trouver l’argent il faut s’ouvrir aux autres, nouer de partenariat public-privé, y compris sur la question taboue comme Inga. Ce projet Inga pourra encore rester des dizaines d’années parce que nous n’avons pas le moyen ni technique ni financier pour être à mesure de le réaliser seul.</em></blockquote>
Est-ce une bonne chose de baser l’économie d’un pays sur l’exportation des matières premières ?
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-95" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="95"><em>C’est même ridicule et déraisonnable de baser son économie sur l’exportation des matières premières. Si l’on base toute l’économie d’un pays sur les matières premières que l’on ne traite pas si son territoire et que l’on exporte, c'est-à-dire que l’on exporte son travail et sa valeur ajoutée. Donc ça ne peut pas marcher. Et il est compréhensible sur le plan marketing que vous ne pouvez pas vendre un seul type de produit parce que si il y a crise de ce produit sur le marché vous allez en subir le contrecoup. On doit diversifier les produits à vendre. Une économie forte c’est d’abord son marché intérieur, puis l’exportation. Si l’on a un marché intérieur développé on  n’importera que l’essentiel. La bonne manière d’arbitre c’est d’opter pour le long terme. Si l’on se concentre sur l’économie, vous verrez que même la précarité sociale va baisser, les gens vont avoir plus d’espoir dans le pays. Ainsi les gens peuvent arriver aux élections d'une manière apaisée. Si l’on arrive aux élections ventre vide l’on devient fragile et achetable parce que l’acte que l’on pose n’est pas un acte de responsabilité mais un acte de survie.</em></blockquote>
Que font-il faire pour attirer les investisseurs dans notre pays ?
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-95" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="95"><em>La première de chose c’est l’attractivité de notre pays. Comment nous faisons pour que notre pays soit attractif ? D’abord c’est nous-mêmes qui sommes à la base de cela. Si déjà beaucoup de congolais, quand ils gagnent de l’argent se décident d’investir hors du Congo, comment voulez vous être attractif ? On doit être à mesure de créer des opportunités nous même dans notre pays avant d’envisager la venue des investisseurs étrangers. Et pour attirer les investisseurs il faut leur montrer des grands projets. Il faut être ouvert et à même à concéder sur certaines choses.</em></blockquote>
Interview réalisée par Franck Ngonga

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