Tom Fletcher, Secrétaire général adjoint des Nations unies aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, et Jeremy Lewin, Haut fonctionnaire pour l’assistance étrangère, les affaires humanitaires et la liberté religieuse au Département d’État des États-Unis, ont procédé lundi 29 décembre 2025 à Genève (Suisse) à la signature d’un mémorandum d’entente destiné à permettre le décaissement d’une enveloppe de 2 milliards USD de la part de l’administration Trump pour soutenir les opérations humanitaires en 2026.
Ce montant, qui sera versé aux fonds humanitaires pilotés par le bureau de M. Fletcher (OCHA), doit permettre de soutenir des opérations vitales dans 17 pays, avec pour objectif de sauver des millions de vies en 2026. Parmi ces pays figure la République démocratique du Congo, confrontée à l’activisme des groupes armés locaux et étrangers, ainsi qu’à la rébellion de l’AFC/M23, soutenue par le Rwanda.
"Les États-Unis demeurent le pays le plus généreux au monde en matière d'aide humanitaire vitale, mais sous la direction de Donald Trump l'argent du contribuable ne financera jamais le gaspillage, l'anti-américanisme ou l'inefficacité. Aujourd'hui, le Département d'Etat et les Nations Unies ont signé un accord qui réforme en profondeur la manière dont les États-Unis programment, financent et supervisent l'action humanitaire administrée par l'ONU, garantissant ainsi que davantage de vies seront sauvées avec moins d'argent du contribuable américain. Ce nouveau modèle permettra de mieux répartir le fardeau de l'action humanitaire de l'ONU avec les autres pays développés et obligera l'ONU à réduire ses dépenses excessives, à éliminer les doublons et à s'engager dans de nouveaux mécanismes efficaces d'impact, de responsabilisation et de contrôle", a annoncé Marco Rubio, Secrétaire d'Etat américain.
L'humanitaire au service de la vie
À la tribune de la mission américaine à Genève, rapporte ONU Infos, Jeremy Lewin a livré le sens politique de l’initiative. Pour l’administration Trump, le système humanitaire onusien avait "dépassé les limites ", au point de devenir inefficace, coûteux et fragmenté. "Nous avons trouvé un système humanitaire qui avait grossi au-delà du raisonnable, devenu en quelque sorte insoutenable", a-t-il affirmé, pointant des lourdeurs administratives, des initiatives concurrentes et des doublons entre agences.
La réponse américaine se veut radicale : mettre fin à des centaines de subventions éclatées au profit d’un mécanisme de financement mutualisé, placé sous l’autorité renforcée des coordinateurs humanitaires sur le terrain. "Au lieu d’avoir toutes ces subventions individuelles fragmentées par projet, le coordinateur humanitaire ou le coordinateur régional d’une région donnée aura le pouvoir et la responsabilité de la coordination", a expliqué M. Lewin, revendiquant un modèle "plus rapide, plus flexible" et recentré sur l’impact immédiat.
Cette nouvelle architecture, insiste Washington, doit aussi renforcer le contrôle politique. "Les contribuables américains ont le droit de savoir comment leur soutien est utilisé », a acquiescé Tom Fletcher, promettant de montrer « comment chaque dollar produit un impact réel et vital ». Les fonds seront soumis à des mécanismes de redevabilité renforcée, alignés, selon M. Lewin, sur les "intérêts nationaux américains ".
Une réforme assumée, en dépit des probables résistances
Selon toujours l’Onu, les deux responsables n’ont pas cherché à minimiser l’ampleur du chantier. "Il y aura de nombreuses personnes mécontentes ", a reconnu Jeremy Lewin, assumant des réformes susceptibles de bousculer agences, ONG partenaires et équilibres internes du système. Tom Fletcher, lui, parle d’un "redémarrage humanitaire ", fondé sur la "priorisation, l’efficacité, la réforme, le regroupement et le renouveau du système humanitaire".
La suspension du financement de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) par l’administration Trump a eu de lourdes conséquences en République démocratique du Congo (RDC), notamment dans l’Est, confronté à une grave crise humanitaire et sanitaire. Le plan de réponse humanitaire 2025 pour la RDC, chiffré à 2,54 milliards USD, demeure largement sous-financé, alors que la situation sécuritaire et humanitaire continue de se détériorer et que les besoins ne cessent de croître dans l’Est du pays. Devant le Conseil de sécurité de l’ONU, vendredi 12 décembre, Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint des Nations unies aux opérations de paix, a indiqué qu’à ce jour, seulement 22 % de ce plan ont été financés.
Alors que la violence s’est intensifiée dans l’Est de la RDC cette année, laissant des milliers de personnes sans accès à des médicaments vitaux, les États-Unis ont annulé un important contrat de fourniture de kits d’urgence destinés aux victimes de la région. Selon Reuters, qui a relayé l’information mardi 1er juillet 2025, ces kits comprenaient des médicaments pour prévenir le VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles, ainsi que pour éviter les grossesses non désirées. Les financements de l’USAID visaient également à réapprovisionner les provinces de l’Est, dévastées par la guerre, laissant des milliers de centres de santé dépourvus de provisions.
Clément Muamba