RDC : le cardinal Fridolin Ambongo appelle à une « solidarité concrète » envers les populations déplacées de l’Est et d’autres zones en crise

Déplacés de Rutshuru au Nord-Kivu
Déplacés de Rutshuru au Nord-Kivu

La situation humanitaire continue de se dégrader dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), en raison de l’intensification des combats dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, opposant la rébellion de l’AFC/M23, soutenue par le Rwanda, aux forces gouvernementales. À cette crise s’ajoutent l’activisme des rebelles ADF au Nord-Kivu et en Ituri, ainsi que les violences attribuées à la milice Mobondo dans la partie ouest du pays.

Alors que les chrétiens du monde entier célébraient la fête de la Nativité de Jésus-Christ, le cardinal Fridolin Ambongo a lancé un appel pressant à une « solidarité concrète » en faveur des populations déplacées. S’exprimant lors de la messe de Noël célébrée le mercredi 24 décembre 2025 à la cathédrale Notre-Dame du Congo, l’archevêque métropolitain de Kinshasa a évoqué l’aggravation de la situation sécuritaire dans l’Est du pays, à Kwamouth, sur le plateau des Batéké et dans d’autres régions affectées par les violences.

Cet appel intervient dans un contexte particulièrement préoccupant, marqué par la réduction des financements internationaux destinés à l’aide humanitaire, alors même que les besoins ne cessent de croître.

« Noël nous invite à regarder vers les pauvres, vers les malades, vers nos frères déplacés qui souffrent, vers les enfants de la rue et vers les victimes de la violence, en particulier les femmes et les enfants de l’Est de la RDC. Dans le contexte de l’aggravation de la crise sécuritaire, Noël nous appelle à une solidarité concrète avec nos frères et sœurs du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, de l’Ituri, de Kwamouth, du plateau des Batéké et d’ailleurs à travers le pays », a plaidé le cardinal Ambongo devant les fidèles.

Se référant à l’ampleur de la crise nationale, l’archevêque de Kinshasa a reconnu craindre que la situation des Congolais ne s’améliore pas immédiatement, même après la célébration de la Nativité. Il a toutefois exprimé un message d’espérance, fidèle au sens spirituel de Noël.

« Si nous regardons la réalité de notre pays, nous continuerons encore à souffrir : le peuple marchera dans les ténèbres de la guerre, de la misère, du manque d’eau, d’électricité et des difficultés quotidiennes. Mais cette nuit sainte nous rappelle qu’au cœur de l’obscurité, une grande lumière se lève. La naissance d’Emmanuel est porteuse de la promesse d’un ordre nouveau fondé sur la paix, la justice, la fraternité et le respect de la dignité humaine », a-t-il déclaré.

Sur le plan humanitaire, le Plan de réponse humanitaire 2025 pour la RDC, évalué à 2,54 milliards de dollars américains, demeure largement sous-financé. Devant le Conseil de sécurité des Nations unies, le vendredi 12 décembre, le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, a indiqué que ce plan n’était financé qu’à hauteur de 22 %.

Lancé en février par le gouvernement congolais et ses partenaires humanitaires, ce plan vise à fournir une assistance vitale à près de 11 millions de personnes, dont 7,8 millions de déplacés internes, l’un des chiffres les plus élevés au monde. Au total, 21,2 millions de Congolais sont affectés par des crises multiples, allant des conflits armés aux catastrophes naturelles et aux épidémies.

Le Plan de réponse humanitaire 2025 s’inscrit dans un contexte de polycrise multidimensionnelle sans précédent, caractérisée par l’extension de la violence de l’Ituri au Tanganyika, la présence d’autorités de facto dans certaines zones du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, et une crise aiguë du financement humanitaire.

À l’issue de la conférence internationale de soutien à la paix dans la région des Grands Lacs, tenue le 30 octobre à Paris, le président français a annoncé une mobilisation de plus de 1,5 milliard d’euros d’aide internationale, ainsi que l’ouverture de couloirs humanitaires sécurisés pour permettre l’acheminement de l’assistance aux populations civiles prises au piège des conflits, en RDC et dans les pays voisins.

Clément Muamba