La Cour d’assises de Paris a clôturé ce mardi 9 décembre l’audition des victimes qui se sont constituées en parties civiles dans le cadre du procès de Roger Lumbala, l’ex chef rebelle congolais poursuivi pour complicité des crimes contre l’humanité pour des actes de viols, tueries, tortures et pillages commis par ses hommes en Tshopo (Bafwasende), Ituri (Mambasa) et Haut-Uélé (Isiro) dans l’Est du Congo. Les dernières victimes entendues l’ont été depuis Bunia, via visioconférence grâce à l’appui logistique de la Monusco. Il s’agit notamment des victimes de pillages, viols et de torture. L’une d’elle est un ancien chef d’une localité de Mambasa qui a témoigné devant la Cour française avoir été arrêté, conduit en prison et chatouillé de la braise chauffante par des militaires de Roger Lumbala.
«Les militaires nous torturaient pour qu’on leur montre des champs pour qu’ils trouvent à manger. Ils n’étaient pas payés et ils cherchaient des champs pour piller la récolte et trouver quoi manger », a-t-il témoigné, révélant avoir vécu le décès de l’un d’eux tué par les militaires.
Pour lui, les militaires de Roger Lumbala commettaient des actes cruels. Il affirme avoir vu l’un des militaires du RCD-N transporter sur le porte-bagage d’un vélo la tête d’un homme décapité présumé militaire ennemi de l’APC.
«Nous l’avons vu tranverser Mandima avec cette tête sur son vélo. On ne sait pas s'ils étaient partis la consommer ou la jeter », a-t-il confirmé dans sa déposition devant les juges d’instruction.
A la question de savoir comment il a su que ses bourreaux étaient des militaires de Lumbala, la victime a affirmé: «Nous étions informés qu’ils venaient de l’axe Kisangani. A leur arrivée à Mandima (6 Km après Mambasa, sur l’axe Komanda), ils disaient attendre l’arrivée de leur chef Lumbala. Ils s’exprimaient en Lingala alors que ceux de l’APC (de Mbusa Nyamwisi, ndlr) parlaient le Kiswahili, étaient bien organisés et avaient une conscience militaire », affirme ce chef coutumier de Mambasa. Il a également vu plus d’une fois un hélicoptère apporter des renforts militaires.
Il a témoigné avoir également vécu des cas de viols des femmes pendant qu’ils étaient détenus.
«Ça s’est passé à notre présence. Elles entraient nues dans la maison et on les écoutait pleurer. On les violait », a-t-il témoigné.
Son témoignage a bouclé l’audition des parties civiles. Place à la poursuite de l’audition des témoins cités par la défense.
Claude Sengenya à Paris