Accords de Washington RDC-Rwanda : Donald Trump affirme « réussir là où d’autres ont échoué »

Foto
Trump, Tshisekedi et Kagame

Dans un contexte marqué par des tensions verbales et diplomatiques entre Kinshasa et Kigali, mais aussi par de violents combats entre les forces gouvernementales congolaises et la rébellion de l’AFC/M23 dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo, et son homologue rwandais Paul Kagame ont paraphé, jeudi 4 décembre, ce que l’on appelle désormais les Accords de Washington, obtenus sous les auspices des États-Unis d’Amérique.

Il s’agissait pour Félix Tshisekedi et Paul Kagame de formaliser les engagements pris cinq mois passé soit en juin dernier au niveau ministériel par Thérèse Kayikwamba Wagner et Olivier Nduhungirehe. Un motif de satisfaction pour le président américain Donald Trump, qui s’est une nouvelle fois présenté comme un grand artisan de paix, déterminé à contribuer à la fin d’un conflit qui dure depuis plus de trois décennies dans la région des Grands Lacs.

"Depuis plus de 30 ans, l’un des pires conflits de la planète sévit dans l’est du Congo. Des millions et des millions de personnes ont été tragiquement tuées. Cela a duré une éternité. Et d’innombrables autres ont été déplacées de leurs foyers. Des familles ont été détruites. C’était un désastre. De nombreuses administrations ont essayé, mais probablement pas très fort, vu ce qui me précédait.Mais ils ont essayé. C’est ce qui est écrit qu’ils ont essayé. Nous, nous avons essayé plus fort pour mettre fin à ce conflit. Mais ils ont accompli très peu, car les massacres ont continué, à des niveaux qui n’ont fait qu’empirer. Et aujourd’hui, nous réussissons là où tant d’autres ont échoué, et c’est la huitième guerre que nous mettons fin en moins d’un an. C’est quelque chose de vraiment enthousiasmant", a déclaré le président américain Donald Trump lors de son intervention.

Dans le même registre, le successeur de Joe Biden est revenu sur le bien-fondé de cet accord signé entre la RDC et le Rwanda. Au-delà de son volet sécuritaire, Donald Trump a évoqué également le caractère économique de cette initiative diplomatique

"Nous parlons ici de 30 ans de combats. 30 ans. Bien plus de 10 millions de vies.En juin dernier, grâce aux efforts du secrétaire Rubio et de M. Boulos,le Rwanda et la RDC ont conclu un accord historique pour avancer vers la paix. Ils ont commencé le processus. J’ai rencontré certains de leurs remarquables représentants, qui sont également ici.Et nous avons lancé un excellent processus. Le pacte que nous signons aujourd’hui, qui sera connu sous le nom de Washington Accords tout le monde semblait aimer ce nom formalise les termes convenus en juin. Y compris un cessez-le-feu permanent, le désarmement des forces non étatiques, des dispositions pour permettre aux réfugiés de rentrer chez eux, et la justice pour ceux qui ont commis des atrocités", a indiqué Donald Trump, président des États-Unis d'Amérique

Et de poursuivre :

"Et surtout, cet accord crée un nouveau cadre pour la prospérité économique. Il y a une richesse immense dans cette terre magnifique. C’est une terre magnifique. Mais elle a été gravement tachée de sang, d’énormes quantités de sang. Mais dans la région… Et cela soutiendra une paix durable. Et la République démocratique du Congo et le Rwanda ont accepté d’intégrer plus étroitement leurs économies, plutôt que de se battre. Et ils vont le faire.Ces deux hommes sont très intelligents, et je crois qu’ils s’apprécient beaucoup. J’ai passé du temps avec eux. Je crois qu’ils s’aiment bien. Cela surprendra peut-être certaines personnes. Je crois vraiment qu’ils s’aiment bien. Ils ont passé beaucoup de temps à se faire la guerre et maintenant ils vont passer beaucoup de temps à s’enlacer, se tenir la main, et profiter des États-Unis d’Amérique sur le plan économique, comme tous les autres pays le font.Donc ils vont très bien réussir. Mais ils ont aussi des ressources très précieuses".

Le président Donald J. Trump a présidé la signature des Accords de Washington pour la paix et la prospérité entre la République démocratique du Congo (RDC) et la République du Rwanda. Cet instrument selon le département d'État américain, "historique" réaffirme les engagements pris pour mettre fin à des décennies de conflit, favoriser la coopération économique et jeter les bases d’une paix durable. Les Accords de Washington réaffirment l’engagement des deux parties à mettre en œuvre l’Accord de paix entre la RDC et le Rwanda, conclu à Washington, D.C., le 27 juin 2025, ainsi qu’à concrétiser la vision du Cadre d’intégration économique régionale (CIER), afin de créer une feuille de route ambitieuse pour la paix, la sécurité et une croissance économique sans précédent.

La RDC et le Rwanda ont également signé le Cadre régional d’intégration économique (REIF), une initiative bilatérale novatrice destinée à libérer le vaste potentiel économique de la région des Grands Lacs et à créer de nouvelles opportunités pour le secteur privé américain. Le président Félix Tshisekedi a signé au nom du gouvernement de la RDC, tandis que le président Paul Kagame a signé au nom du gouvernement du Rwanda. La cérémonie de signature s’est déroulée en présence du président togolais et président du Conseil des ministres Faure Gnassingbé, du président angolais João Lourenço, du président burundais Évariste Ndayishimiye, du président kenyan William Ruto, du président de l’Union africaine Mahmoud Ali Youssouf, de la vice-présidente ougandaise Jessica Alupo, du ministre d’État qatari Mohammed Al Khulaifi et du ministre d’État émirati Cheikh Shakhboot bin Nahyan Al Nahyan.

La médiation qatarie constitue un autre volet essentiel du dispositif diplomatique. Un accord-cadre a été signé entre Kinshasa et l'AFC/M23, mais son contenu reste largement à négocier. Sur le terrain, rien n’a véritablement évolué : les positions demeurent figées, les lignes de front restent actives et aucune mesure de confiance n’a été mise en place. La juxtaposition des deux processus  Washington et Doha  illustre la complexité du dossier : d’un côté, une médiation interétatique ; de l’autre, une négociation politico-militaire directe avec la rébellion.

Clément MUAMBA