Accords de Washington : pour William Ruto, il s'agit d’un acte décisif pour mettre fin à un conflit dévastateur qui a marqué la région pendant des décennies

William Ruto
William Ruto

Le président du Kenya et président en exercice de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (EAC), William Kipchirchir Samoei Arap Ruto a pris part, jeudi 4 décembre 2025 à Washington D.C. à la signature des Accords de Washington entre deux autres pays de la région, à savoir la République démocratique du Congo, représentée par Félix Tshisekedi, et le Rwanda, représenté par Paul Kagame, en présence de Donald Trump, président des États-Unis, ainsi que d’autres personnalités.

Prenant la parole, le président kényan et chef de l’EAC a salué la signature de ce document, qui, selon lui, met fin à un long conflit entre Kinshasa et Kigali aux conséquences néfastes pour le développement de la région et du continent. À l'en croire, cet accord constitue également l’aboutissement des efforts déployés ou menés au niveau régional.

"La signature aujourd'hui de l'accord de paix pour l'est de la RDC représente bien plus qu'une simple étape diplomatique majeure ; c'est un acte décisif pour mettre fin à un conflit dévastateur qui a marqué la région pendant des décennies. Ce conflit a détruit des moyens de subsistance, déstabilisé notre région et menacé l'avenir de toute la région des Grands Lacs et de l'ensemble du continent africain. Le succès d'aujourd'hui est l'aboutissement d'un effort régional soutenu. Les processus coordonnés de Nairobi, Luanda et Washington ont ouvert la voie qui nous a permis d'atteindre ce moment décisif. Nous tenons à exprimer notre gratitude au président Tshisekedi et au président Kagame pour leur leadership tout au long de ces processus", a déclaré William Ruto, président du Kenya et de l'EAC.

Le président du Kenya a salué l'implication de Trump dans la matérialisation de cette initiative considérant que la présence des dirigeants africains vise à garantir sa mise en œuvre effective.

"Ce résultat a été rendu possible grâce à la capacité de mobilisation sans précédent des États-Unis et à l'engagement résolu et déterminé du président Trump en faveur de la paix mondiale. Sa vision claire et son aptitude à fédérer les acteurs concernés ont été déterminantes. Nous exprimons donc notre profonde gratitude au président Trump, dont le leadership audacieux a été déterminant dans cette avancée majeure. Notre présence ici témoigne de notre détermination collective. Nous ne ménagerons aucun effort pour que cet accord soit pleinement mis en œuvre, en mobilisant toutes les ressources et tous les partenaires afin de garantir la paix et de libérer l'immense potentiel économique de la région", a-t-il ajouté dans son intervention.

Selon William Ruto, les conflits prolongés  sur le continent continuent de freiner le développement de l'Afrique. Il a rappelé que la part actuelle de 3 % du continent dans le commerce mondial témoigne de l'écart important qui sépare encore l'Afrique de son plein potentiel.

"Une RDC orientale pacifique pourrait libérer l'un des plus grands atouts économiques de l'Afrique. Nos vastes ressources et nos jeunes talents, connectés par les infrastructures régionales et la Zone de libre-échange continentale africaine, pourraient engendrer une transformation sans précédent. Ce Forum souligne une vérité essentielle : les gouvernements ne peuvent à eux seuls libérer le potentiel de nos économies. Notre devoir est d’établir des cadres prévisibles, la sécurité et des marchés stables. Sur cette base, le secteur privé peut déployer des capitaux et des innovations pour bâtir une prospérité durable", a soutenu William Ruto.

Le président Donald J. Trump a présidé la signature des Accords de Washington pour la paix et la prospérité entre la République démocratique du Congo (RDC) et la République du Rwanda. Cet instrument selon le département d'État américain, "historique" réaffirme les engagements pris pour mettre fin à des décennies de conflit, favoriser la coopération économique et jeter les bases d’une paix durable. Les Accords de Washington réaffirment l’engagement des deux parties à mettre en œuvre l’Accord de paix entre la RDC et le Rwanda, conclu à Washington, D.C., le 27 juin 2025, ainsi qu’à concrétiser la vision du Cadre d’intégration économique régionale (CIER), afin de créer une feuille de route ambitieuse pour la paix, la sécurité et une croissance économique sans précédent.

La RDC et le Rwanda ont également signé le Cadre régional d’intégration économique (REIF), une initiative bilatérale novatrice destinée à libérer le vaste potentiel économique de la région des Grands Lacs et à créer de nouvelles opportunités pour le secteur privé américain. Le président Félix Tshisekedi a signé au nom du gouvernement de la RDC, tandis que le président Paul Kagame a signé au nom du gouvernement du Rwanda. La cérémonie de signature s’est déroulée en présence du président togolais et président du Conseil des ministres Faure Gnassingbé, du président angolais João Lourenço, du président burundais Évariste Ndayishimiye, du président kenyan William Ruto, du président de l’Union africaine Mahmoud Ali Youssouf, de la vice-présidente ougandaise Jessica Alupo, du ministre d’État qatari Mohammed Al Khulaifi et du ministre d’État émirati Cheikh Shakhboot bin Nahyan Al Nahyan.

La médiation qatarie constitue un autre volet essentiel du dispositif diplomatique. Un accord-cadre a été signé entre Kinshasa et l'AFC/M23, mais son contenu reste largement à négocier. Sur le terrain, rien n’a véritablement évolué : les positions demeurent figées, les lignes de front restent actives et aucune mesure de confiance n’a été mise en place. La juxtaposition des deux processus  Washington et Doha  illustre la complexité du dossier : d’un côté, une médiation interétatique ; de l’autre, une négociation politico-militaire directe avec la rébellion.

Clément MUAMBA