Le gouvernement congolais fait face aux critiques sévères concernant la non ratification de l’accord de paix de Washington par le Parlement, alors que ce document doit être entériné ce jeudi 4 décembre par Félix Tshisekedi (RDC) et Paul Kagame (Rwanda), en présence du président américain Donald Trump. Alors que Kigali a respecté cette exigence, Kinshasa se montre rassurant et semble minimiser la question, affirmant que, même si le Parlement n’a pas été saisi officiellement, il l’a été de manière informelle.
C’est ce qu’a expliqué cinq mois après la signature de l'accord de Washington, Tina Salama, porte-parole du chef de l’État, Félix Tshisekedi, lors d’un briefing de presse co-animé mercredi 3 décembre 2025 avec Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement à Washington.
"Ce qui est important de rappeler, c’est que la Constitution donne le droit au Président de la République. Je pense que c’est l’article 213 qui dit que le Président de la République négocie et ratifie les traités ou les accords internationaux. Ensuite, le gouvernement doit informer le Parlement, et je pense ici qu’il y a eu des mécanismes, via le gouvernement de la République démocratique du Congo, quand le Président s’est engagé comme garant de la nation, le gouvernement a suivi par d’autres mécanismes pour aller informer le Parlement. Peut-être que ça n’a pas été fait de manière officielle pour que vous autres, de la presse, soyez informés pour en parler, mais je pense que le Parlement a suivi cela", a expliqué Tina Salama, porte-parole de Félix Tshisekedi.
Pour Tina Salama, la présence du président de l'Assemblée nationale dans la délégation congolaise est une preuve de l'accompagnement du Parlement dans le processus de Washington.
Répondant en complément à la même question, le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya rassure sur la transparence du processus engagé par le gouvernement.
"Nous sommes dans un processus de transparence. Et comme nous nous sommes engagés depuis le premier jour, tout ce qui sera signé sera rendu public, parce que nous avons déjà cet accord. Certains pensaient que le Président venait signer un autre accord. Le Président ne vient pas signer un autre accord ; il vient entériner ce qui a été fait par le ministre des Affaires étrangères. Je pense aussi que le Président de la République avait eu l’occasion de faire une réunion interinstitutionnelle où il a informé toutes les institutions", a complété Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement
Selon le porte-parole du gouvernement, un processus postérieur de ratification va se faire au niveau du Parlement.
"Après, il y a la procédure parlementaire qui se mettra en branle en termes de ratification. Mais ici, il faut noter que dans tout ce que nous faisons, nous le faisons pour un objectif précis : le retour de la paix. Dans tous ces processus, des lignes rouges ont été établies : la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC. Nous avons dit : pas de brassage, pas de mixage, et ce sont des choses que nous disons et qui sont contenues et peuvent être lues", a souligné.
La rencontre annoncée entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame, prévue le 4 décembre à Washington, devait être le symbole d’un tournant diplomatique. Sous l’impulsion directe des États-Unis, les deux dirigeants doivent ratifier l’accord signé en juin et donner corps au cadre d’intégration économique régionale adopté début novembre. Pourtant, à mesure que l’échéance approche, l’optimisme initial se fissure et laisse place à une réalité beaucoup plus complexe : un processus poussé par Washington, mais freiné par une défiance politique enracinée, des divergences de lecture et une situation militaire inchangée dans l’est de la République démocratique du Congo.
La médiation qatarie constitue un autre volet essentiel du dispositif diplomatique. Un accord-cadre a été signé entre Kinshasa et le M23, mais son contenu reste largement à négocier. Sur le terrain, rien n’a changé : les positions ne bougent pas, les lignes de front restent actives et aucune mesure de confiance n’a été mise en place. La juxtaposition des deux processus (Washington et Doha) montre la complexité du dossier : d’un côté une médiation interétatique, de l’autre une négociation politico-militaire directe avec la rébellion.
Clément MUAMBA