Mambasa : une trentaine d’enseignants abandonnent les salles de classe à cause de faible salaire et se lancent dans la culture du cacao

Le cacao cultivé à Komanda/Ph ACTUALITE.CD

Au moins 38 enseignants, en majorité issus des écoles primaires bénéficiant de la gratuité de l’enseignement, ont quitté leur poste dans la sous-division éducationnelle Mambasa II, relevant du ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST) et de la Nouvelle Citoyenneté, dans la province de l’Ituri, au Nord-Est de la RDC. L'information a été livrée ce jeudi 25 septembre à ACTUALITÉ.CD par Michel Nesapongo Ipunio, chef de cette sous-division, qui indique que cette situation est constatée depuis la rentrée scolaire 2025–2026.

Selon lui, ces enseignants ont abandonné volontairement les salles de classe pour se consacrer à la culture du cacao et à d’autres activités agricoles, qu’ils jugent plus rentables. Le cacao, en particulier, est devenu très lucratif dans le territoire de Mambasa au cours des dernières saisons agricoles, attirant de plus en plus d’habitants, y compris des commerçants.

« Nous avons déjà enregistré 38 cas d’enseignants ayant abandonné leur poste. Dans de telles conditions, les écoles se retrouvent paralysées. Beaucoup d’établissements de la sous-division de Mambasa II ne fonctionnent plus normalement.

Imaginez : 38 abandons volontaires, ce sont 38 salles de classe laissées à l’abandon. Les enfants passent toute la journée à jouer, avant d’être renvoyés chez eux.

Au niveau des TID (Institution de microfinance), nous ne pouvons même pas bloquer leur carte. Pourquoi ? Parce qu’ils figurent encore sur les listings. En l’absence de mise à jour, il est impossible de les remplacer par d’autres enseignants. Cela bloque toute la chaîne », déclare-t-il.

Et de poursuivre :

« C’est non seulement un signe de désintérêt croissant pour la profession enseignante, mais aussi une conséquence directe de la précarité salariale. Les enseignants préfèrent se tourner vers des activités plus lucratives, comme le cacao.

Nous avons déjà transmis des rapports à la hiérarchie, à tous les niveaux, mais on nous demande encore de patienter. Il paraît que de nouveaux tests de recrutement d’enseignants sont prévus prochainement.

Ces enseignants justifient leur départ par la faiblesse de leur rémunération, insuffisante pour couvrir leurs besoins vitaux », explique Michel Nesapongo.

Cet abandon massif perturbe gravement le bon fonctionnement des établissements scolaires de la région. À peine un mois après la rentrée, plusieurs écoles enregistrent une absence prolongée de personnel enseignant, entraînant la suspension partielle ou totale des cours dans certaines classes.

Face à cette crise, Michel Nesapongo lance un appel aux responsables de la banque chargée de la paie des enseignants dans la sous-division Mambasa II, afin de procéder à une mise à jour des effectifs et permettre ainsi le remplacement rapide des enseignants démissionnaires.

Il demande également aux enseignants concernés de restituer les eSIM associées à leurs paiements, afin d’éviter toute confusion administrative.

La culture du cacao, en plein essor dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, attire non seulement les enseignants, mais aussi de nombreux commerçants, qui délaissent leurs anciennes activités pour s’y consacrer.

Josué Mutanava