Crise humanitaire en RDC: un financement toujours critique, moins de 15% des besoins couverts (OCHA)

Des déplacés du territoire de Rutshuru. Ph. ACTUALITE.CD/Moses Sawasawa
Des déplacés du territoire de Rutshuru. Ph. ACTUALITE.CD/Moses Sawasawa

Chiffré à hauteur de 2,54 milliards USD, le plan de réponse humanitaire 2025 pour la République Démocratique du Congo n'est financé qu'à ce jour à hauteur de 14,9%. C'est ce qu'a révélé le bureau de la Coordination des affaires humanitaires des Nations-Unies (OCHA) dans son bulletin rendu public vendredi 19 septembre.

Selon le document, le bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies note que le niveau de financement reste critique alors que sur le terrain, les besoins restent les plus élevés dans les provinces du Nord et Sud-Kivu et Ituri dans l'Est de la RDC.

" Entre janvier et juillet 2025, 6,6 millions de personnes ont bénéficié d'une assistance humanitaire au moins une fois, soit 60,5% de la cible totale et 84,8 % de la cible prioritaire. Les secteurs avec les taux de réponse les plus élevés sont la protection (55,3 %), la sécurité alimentaire (53,4 %) et le CCCM (55,8 %). Toutefois, le niveau de financement reste critique avec seulement 14,9 % des 2,54 milliards USD requis reçus au 31 juillet. Les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l'Ituri qui concentrent les besoins les plus élevés, en lien avec les déplacements massifs, sont celles où la réponse humanitaire est la plus importante ", renseigne OCHA. 

Dans son bulletin, ce département du secrétariat de l'ONU en charge de la coordination de l'action humanitaire est revenu sur les principales contraintes qui impactent négativement le travail humanitaire sur terrain.

" L'insécurité persistante qui entrave l'accès humanitaire dans plusieurs localités clés, notamment dans l'Ituri et le Nord-Kivu; le faible niveau de financement qui limite la capacité des partenaires à répondre aux besoins prioritaires; les infrastructures dégradées, notamment les itinéraires impraticables, qui ralentissent la livraison de l'aide; les ruptures de stocks et les problèmes logistiques qui découlent de la continuité de certaines interventions; les frais informels et les contraintes administratives qui compliquent les transferts monétaires et les opérations de terrain ", précise OCHA.

Lancé en février dernier par le gouvernement et la communauté humanitaire, le plan de réponse humanitaire 2025 pour la RDC est chiffré à 2,54 milliards de dollars américains. Cette enveloppe cruciale vise à fournir une aide vitale à 11 millions de personnes dont 7,8 millions de déplacés internes, l’un des niveaux les plus élevés au monde parmi les 21,2 millions de Congolais affectés par des crises multiples : conflits armés, catastrophes naturelles et épidémies.

Le lancement du Plan de réponse aux besoins humanitaires pour la RDC (2025) intervenait dans un contexte particulier de polycrise multidimensionnelle d’une ampleur inédite, qui combine trois éléments déstabilisateurs majeurs : d’une part une spirale de violence qui s’étend de l’Ituri au Tanganyika ; d’autre part la présence d’une autorité de facto dans des zones clés du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, deux provinces où les besoins humanitaires sont très importants ; et enfin une crise majeure du financement de la réponse humanitaire.

Cette actualisation intervient dans un contexte marqué par la réduction drastique du plan de l'ONU d’aide humanitaire mondial pour l’année 2025, en raison des « coupes budgétaires les plus importantes jamais opérées ». Le nouveau plan de 29 milliards de dollars pour 2025, contre les 44 milliards demandés à l’origine, doit « hyper-prioriser » l’aide pour 114 millions de personnes, selon un communiqué du Bureau de coordination de l’aide humanitaire de l’ONU (OCHA) rendu public lundi 16 juin 2025.

Cette baisse considérable de l’aide intervient alors que les conflits dans le monde se multiplient, certaines zones étant particulièrement vulnérables, à l’instar du Soudan, de la République démocratique du Congo, du Myanmar ou de Gaza, qui est confrontée à un risque « critique » de famine, selon un rapport paru en mai dernier.

Clément MUAMBA