Kinshasa-Kisenso : après 6 ans d'abandon des travaux, la route Renaissance devenue méconnaissable

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Route renaissance à Kisenso

À l'origine, c'est une avenue à la fois très longue et sablonneuse, mais qui n'était pas un problème pour ses riverains avant les années 2020. Elle représente désormais un réel danger : plus d'un kilomètre de sa longueur est à ce jour une gigantesque vallée, où se forment des têtes d'érosion, à cause des travaux lancés puis abandonnés en 2018 par Addict Construction. 

La contrée, communément appelée « Chine », située au quartier Libération, dans une banlieue de la commune de Kisenso, est dorénavant divisée en deux. L'avenue Renaissance, qui devrait, si les travaux avaient touché à leur fin, servir d’une grande route arpentant les communes de Matete, Kisenso et Lemba pour déboucher sur l'université de Kinshasa et plus loin vers l'intendance générale, est méconnaissable. 

Lors d'une descente d'ACTUALITE.CD, le constat est tel que des maisons d'habitation qui étaient au même niveau que la route, sont restées dans la hauteur, regardant en bas le sillon tracé par les rares passagers dans cette précipice qui met en péril une église protestante, une école et un centre de santé. 

Depuis déjà une semaine, un mouvement de la société civile force vive pousse pour ramener aux oreilles des autorités étatiques la grogne des habitants qui vivent aux aguets à l'approche de la saison des pluies. 

«Nous ne sommes pas dans un village, mais dans la ville de Kinshasa. La route Renaissance  fait partie du projet cinq artères Kisenso. C'était inscrit dans le même projet que les routes Biangala, Croix rouge, Bel air et Kimwenza mais apparemment négligé. Nous appelons les autorités à ordonner la reprise des travaux de cette route suspendus depuis 2018 », déplore Mangalaboy Sangol Winner, responsable de la société civile Force vive de la commune.

Des maisons emportées, des habitants parties dans les eaux 

M. Winner a également confié à ACTUALITE.CD que de temps en temps, le quartier déplore des morts à cause de la difficulté d'acheminer des malades aux urgences et au service réanimation au clinique universitaire de l'UNIKIN, loin de plus ou moins 5 kilomètres de la route érodée. Comme l'avenue ne le permet, dit-il, les nécessiteux trouvent la mort en raison d'une prise en charge médicale éloignée. D'où son interpellation à l'État à rapprocher certains services. 

« Ici était passé une adulte, emportée par les eaux de la pluie, la dame a été retrouvée morte dans la commune de Limete. Des maisons ont disparu. Et celles qui sont à la direction que prennent les eaux, sont souvent inondées par une couche de sable, et nous déplorons régulièrement des morts ici. Comme nous avons aussi voté, nous vous appelons de vous intéresser à cette route qui va sauver Kisenso et amener son développement», dit-il. 

Douche froide pour les étudiants 

Au lancement des travaux de cette route en 2018, les étudiants de l'université de Kinshasa qui habitent les communes qu'elle traverse, s'étaient frottés les mains comme pour dire que leur calvaire de grimper chaque jour les montagnes devait finir. Hélas. Certains, qui proviennent de l'autre côté du district de la Tshangu, traversant quotidiennement la rivière N'djili, ont ce jour du grain à moudre. D'après Glody Nduaya, un jeune interrogé , les étudiants arrivent à la faculté avec la sueur dégoulinant le corps, éreintés à cause de l'exercice physique pénible. 

“Pour quitter d'ici au rond-point Ngaba, c'est tout un problème, alors qu'il y a de ce côté beaucoup d'universités et plusieurs églises catholiques que nous fréquentons, cette impraticabilité nous étouffe, oubliant que la route Renaissance, une fois construite, va également désengorger bypass” , insiste Glodi Nduaya. 

Un plaidoyer pour la mise en place d'une ligne TRANSCO à Kisenso 

En porte-voix, la société civile force vive de la commune de Kisenso a, outre l'épineux problème de route, plaidé pour la création d'une ligne des bus TRANSCO et Trans Academia Kisenso, pour soulager les habitants et particulièrement les étudiants. 

Avant ce désastre, sur cette avenue passaient des véhicules qui faisaient le transport, sortant les populations de la commune à Lemba pour atteindre le centre ville. À part l'arrêt « Wenze ya bamboo », un autre arrêt, situé après la colline de la même avenue dénommé « coin ya cimetière », était un endroit où les véhicules faisaient leur manœuvre en attendant les passagers. Sur l'arrêt bambou, un marché, Wenze ya bambou, est à quelques mètres de la vallée, susceptible de s'éroder au retour de la saison pluvieuse.  

Samyr LUKOMBO