Est de la RDC: À l'ONU, Kinshasa dénonce la course expansionniste de la coalition AFC-M23-RDF qui étend ses conquêtes menaçant la ville d'Uvira frontalière avec le Burundi

Les rebelles du M23 à Bukavu le 20 février 2025
Les rebelles du M23 à Bukavu le 20 février 2025

Alors que les États-Unis d'Amérique viennent d'arracher dans un temps record un accord de paix entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda, la rébellion de l'AFC/M23 bénéficiaire du soutien de Kigali non concernée par cette démarche continuent de gagner du terrain dans l'est de la République Démocratique du Congo.

Face à cette situation, la délégation congolaise au Conseil de Sécurité de l'ONU a dénoncé « la poursuite de l’agression rwandaise » plus précisément dans la province du Sud-Kivu. Dans son exposé, Hippolyte Mfulu Kingonzila, Chargé d’affaires et premier conseiller à la Mission permanente de la République démocratique du Congo auprès de l'ONU a condamné la poursuite des massacres et autres violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire.

"Pour commencer, Il y a lieu de souligner que la situation sécuritaire dans la partie orientale de mon pays reste dominée par la poursuite de l'agression rwandaise dont les troupes déployées en appui aux éléments de l'AFC/M23 s'illustrent encore et toujours par les massacres des populations civiles,les viols des femmes et jeunes filles,le recrutement forcé des jeunes garçons et autres violations graves des droits de l'homme et du droit international humanitaire notamment par les entraves à la réouverture des corridors humanitaires ainsi que des aéroports internationaux de Goma et de Bukavu", a dénoncé vendredi 27 juin 2025 Hippolyte Mfulu Kingonzila, Chargé d’affaires et premier conseiller à la Mission permanente de la RDC à l'ONU.

D'après ce diplomate congolais, cette manière de faire et d'agir de la coalition AFC-M23-RDF c'est-à-dire sa course expansionniste constitue désormais une menace pour Uvira dans la province du Sud-Kivu et zone frontalière avec le Burundi.

"Sur le terrain, les congolais vivant dans la partie occidentale et australe de la République Démocratique du Congo ne peuvent pas communier physiquement avec leurs frères de Goma, Bukavu, Rutshuru, Bunagana  qui constituent employés sous le joug de l'occupation. La coalition RDF -M23-AFC continue sa course expansionniste et étend ses conquêtes territoriales notamment vers Luwindja, Kasimba ainsi qu'à Katagoto et Tuagiza tout en menaçant la ville d'Uvira frontalière avec le Burundi dans 'le Sud-Kivu. Cette condamnable expansion se fait en violation flagrante des dispositions pertinentes des paragraphes opérationnels 2 et 8 de la résolution 2773 bien plus ce tandem continue de renforcer l'établissement d'une administration parallèle en nommant des nouvelles autorités à Goma au Nord-Kivu et à Bukavu dans le Sud-Kivu", a fustigé Hippolyte Mfulu Kingonzila, Chargé d’affaires.

Au nom de la délégation congolaise, le chargé d'affaires Hippolyte Mfulu Kingonzila déplore le fait que ce comportement se manifeste en violation de la résolution 2773 du conseil de sécurité et la déclaration de principes signée par Kinshasa et Kigali.

"Pourtant,il y a de celà presque 5 mois jour pour jour que le conseil s'est prononcé à l'unanimité et d'une seule voix dans la résolution 2773 du 21 février 2025 pour exiger du Rwanda et de ses supplétifs du M23/AFC, le retrait de leurs troupes du territoire de la République démocratique du Congo ainsi que la levée des mesures de défense installées par le Rwanda. Ces graves violations de l'intégrité territoriale de la République démocratique du Congo se poursuivent dans un climat d'impunité la plus totale même après la signature par le Rwanda de la déclaration de principes de Washington DC du 25 avril 2025", a-t-il fait remarquer dans son intervention.

Selon le communiqué du département d'État américain, l'accord de paix signé par la RDC et le Rwanda a été élaboré au cours de trois jours de "dialogue constructif portant sur les intérêts politiques, sécuritaires et économiques" entre représentants de la RDC et du Rwanda présents dans la capitale américaine. Il comprend des dispositions sur "le désengagement, le désarmement et l'intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques", ainsi qu'un "mécanisme conjoint de coordination en matière de sécurité".

Le Qatar également  médiateur, a pris part active aux travaux et avait reçu mi-mars à Doha le président rwandais Paul Kagame et celui de la RDC, Felix Tshisekedi. Selon les représentants de l'administration Trump, les deux dirigeants pourraient être reçus par Donald Trump à la Maison Blanche en juillet de l'année en cours. Alors que Washington a arraché un accord entre Kinshasa et Kigali, le Qatar va s'occuper des négociations entre le gouvernement congolais et la rébellion de l'AFC/M23 qui jusque-là n'avancent pas du tout.

Clément MUAMBA