Thérèse Kayikwamba Wagner de la République démocratique du Congo et Olivier Jean Patrick Nduhungirehe du Rwanda ont signé, sous les auspices des États-Unis d'Amérique, un accord de paix. Cet accord a pour ambition de mettre fin au conflit dans l'Est de la République Démocratique du Congo qui a fait des milliers de morts et déplacés pendant près de trois décennies.
Cet accord, que le président américain Donald Trump et l'ensemble de son administration se sont félicités d'avoir obtenu dans un temps record, a pour soubassement la déclaration de principes approuvée en avril dernier entre les deux États. Cet accord prévoit des dispositions sur "le respect de l'intégrité territoriale et l'arrêt des hostilités" dans l'Est de la RDC à la suite des offensives menées par la rébellion de l'AFC/M23 soutenue par le Rwanda.
Parallèlement à cette signature, la situation sécuritaire dans l'Est de la RDC était à l'ordre du jour de la réunion du Conseil de sécurité. S'exprimant au nom du gouvernement de la RDC, Hippolyte Mfulu Kingonzila, Chargé d’affaires et premier conseiller à la Mission permanente de la République démocratique du Congo auprès des Nations-Unies a émis le vœu de voir Washington sanctionner cette fois-ci Kigali en cas de violation de cet accord.
"Le Rwanda vient de signer sous la médiation de l'administration américaine et sous l'oeil témoin de l'État du Qatar l'accord de paix entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda dans lequel il s'engage à retirer sans condition préalable toutes ses troupes du territoire de la République Démocratique du Congo. Nous espérons que cette fois-ci,les États-Unis d'Amérique qui assurent la médiation sauront imposer au Rwanda des sanctions à la mesure de ses forfaitures en cas de récidive" a plaidé vendredi 27 juin 2025 Hippolyte Mfulu Kingonzila au nom du gouvernement de la RDC.
Pour le chargé d'affaires Hippolyte Mfulu Kingonzila, qui avait pris spécialement la place de Zénon Mukongo, représentant permanent de la RDC à l’ONU lors de cette réunion, a rassuré que son gouvernement mettra tout en œuvre pour jouer sa partition dans la mise en œuvre de cet accord.
"Permettez-moi avant de clore mon allocution de rassurer une fois de plus, le conseil que mon gouvernement est résolument engagé dans la recherche d'une paix durable et concertée pour mettre un terme définitif à la crise chronique qui a secoué la partie orientale de notre pays depuis presque trois décennies je répète depuis presque trois décennies. Enfin, je voudrais au nom de mon gouvernement saluer la signature ce matin à Washington de l'accord de paix entre la République pratique du Congo et le Rwanda, féliciter les autorités américaines pour leur médiation réussie ainsi que l'État du Qatar pour son rôle d'intermédiaire avec l'espoir de voir cet accord aboutir au retrait effectif et vérifier des troupes rwandaises du territoire de la République démocratique du Congo dans un bref délai et de leurs supplétifs de l'AFC/M23 des zones occupées pour rejoindre le processus du Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation (P-DDRCS)", a fait savoir le chargé d'affaires Hippolyte Mfulu Kingonzila.
L’accord, paraphé par les ministres des Affaires étrangères des deux pays lors d’une cérémonie au Département d’État, en présence du secrétaire d’État américain Marco Rubio, prévoit une série d’engagements politiques et sécuritaires. Un sommet entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame est annoncé pour fin juillet à la Maison Blanche. Le texte prévoit notamment la fin du soutien étatique aux groupes armés tels que les FDLR et le M23, un désengagement militaire progressif, le retour des réfugiés, ainsi que la mise en place d’un mécanisme conjoint de suivi et d’une intégration économique régionale.
La signature de cet accord s’inscrit dans une dynamique de stabilisation de l’Est de la RDC, avec pour objectifs la protection des populations civiles et déplacées, la relance des investissements dans les infrastructures, l’énergie et surtout l’exploitation minière. Les États-Unis, moteurs de cette médiation, entendent sécuriser l’accès aux minerais stratégiques congolais tout en réduisant l’influence croissante de la Chine dans lapersonnes
L’Est de la RDC est toujours instable. Selon l’ONU, le M23, soutenu militairement par Kigali, contrôle plusieurs localités et villes. La présence rwandaise dans cette zone a été documentée dans plusieurs rapports onusiens. Les violences ont fait des milliers de morts et déplacé des millions de personnes.
Plusieurs obstacles demeurent. Le groupe FDLR n’est pas partie prenante de l’accord et devra être neutralisé, conformément aux termes du texte. Le M23 maintient ses positions dans plusieurs agglomérations. Un accord parallèle en discussion à Doha avec ce mouvement n’a pas encore été finalisé. La réussite de ce processus dépendra de sa mise en œuvre concrète sur le terrain.
La prochaine étape sera la rencontre entre Tshisekedi et Kagame à Washington fin juillet au cours d’un sommet. L’administration Trump, qui soutient activement cette initiative, y voit un jalon important dans sa stratégie africaine. Un accord à Doha avec le M23 constituerait la prochaine étape du processus engagé.
Clément MUAMBA