Félix Tshisekedi a salué l'implication personnelle du président américain Donald Trump dans la médiation du futur accord de paix entre la RDC et le Rwanda. Dans une interview exclusive accordée à la journaliste Hariana Verás Victória, correspondante permanente à la Maison Blanche pour l’Afrique, il a décrit cet accord comme une réponse attendue à un conflit vieux de trois décennies.
« Il n’y a rien de magique dans cet accord », a déclaré le chef de l’État congolais, avant de préciser : « Il s’agit d’une prise de conscience au sein de l’administration américaine sur un conflit qui dure depuis environ 30 ans et qui a fait des millions de victimes. »
Pour Félix Tshisekedi, cet accord, dont la signature est prévue à Washington entre les ministres rwandais et congolais des Affaires étrangères, vise avant tout à « mettre fin à la guerre » et à « obtenir le retrait inconditionnel des groupes armés ». Mais, selon lui, les causes du conflit vont au-delà de la seule dimension militaire : « Il faut aussi résoudre cette guerre qui est fondamentalement une guerre économique », a-t-il insisté.
Il a rappelé qu’à son arrivée au pouvoir en 2019, il avait mené une initiative diplomatique en direction des pays voisins (Rwanda, Ouganda et Burundi) en faveur d’une coopération fondée sur les échanges économiques. « J’ai suggéré qu’un accord soit trouvé entre nous, pour favoriser une coopération fondée sur des échanges économiques plutôt que sur des tensions inutiles qui déstabilisent toute la région », a-t-il expliqué. Mais en 2022, « le Rwanda a lancé une guerre contre nous », a-t-il accusé, tout en saluant les bonnes relations désormais établies avec l’Ouganda et le Burundi.
Interrogé sur les motivations de Donald Trump, Tshisekedi a répondu : « D’abord parce qu’il l’a annoncé lui-même. Ensuite, le président Trump représente la première puissance mondiale. […] Les États-Unis ont une part de responsabilité dans ce qui s’est passé dans la région. Cela ne veut pas dire qu’ils sont coupables, mais ils ont fait confiance à un régime – le régime rwandais – impliqué dans le génocide. En tentant de corriger leurs erreurs, ils en ont provoqué d’autres, notamment en RDC. »
À propos de l’évolution des discussions, le président congolais a révélé que « le processus avance très bien » et qu’un « accord de principe » a déjà été arrêté. « Si tout se passe bien, d’ici la fin de la semaine prochaine, nos deux ministres des Affaires étrangères, celui de la RDC et celui du Rwanda, devraient se rencontrer aux États-Unis pour signer un accord allant au-delà du simple accord de principe », a-t-il ajouté. Une validation finale est prévue « autour du président Trump à Washington », même si la date reste incertaine et dépend à la fois « de l’évolution sur le terrain » et de « l’agenda américain ».
Enfin, Tshisekedi a évoqué la possibilité de soutenir la candidature de Donald Trump au prix Nobel de la paix, comme l’a récemment proposé le Pakistan. « Si cette guerre injuste prend fin — une guerre qui a fait des centaines de milliers de morts, certains disent même qu’elle a fait plus de victimes que la Seconde Guerre mondiale… alors, si le président Trump parvient à mettre fin à cette guerre grâce à sa médiation, il mériterait ce prix Nobel. Je serais le premier à voter pour lui. »