L’ancien président de la République, Joseph Kabila, est arrivé lundi 23 juin 2025 à Bukavu, capitale du Sud-Kivu, dans le plus grand secret après un séjour d’un mois à Goma, dans le Nord-Kivu. Cette visite intervient dans un contexte de tensions accrues dans l’Est du pays, où la ville, comme Goma, est sous le contrôle de l’Alliance Fleuve Congo (AFC) et du mouvement M23 depuis février 2025.
Accusé par Félix Tshisekedi de soutenir cette rébellion, Kabila, déchu de son immunité sénatoriale en mai dernier, semble vouloir se repositionner comme acteur clé dans la résolution de la crise, en initiant des consultations avec les populations locales.
À Bukavu, selon nos informations, Joseph Kabila prévoit de reproduire le modèle de ses consultations menées à Goma, où il a rencontré des leaders religieux, des chefs traditionnels et des représentants de la société civile. Selon son entourage, l’objectif reste le même : écouter les préoccupations des habitants et proposer des pistes pour une sortie de crise, alors que l’Est de la RDC est ravagé par des conflits armés depuis des décennies.
Cette démarche, présentée comme un appel à la paix, suscite toutefois des interrogations, notamment en raison des accusations de collusion avec l’AFC/M23 portées par le gouvernement de Kinshasa, qui voit en Kabila un obstacle aux efforts de pacification.
Le retour de Kabila dans les Kivus, après près de deux ans d’exil principalement en Afrique du Sud, coïncide avec une période de fragilité politique et sécuritaire. Depuis janvier 2025, l’AFC/M23 a intensifié ses offensives, s’emparant de vastes territoires, dont les villes stratégiques de Goma et Bukavu, provoquant le déplacement de centaines de milliers de civils.
Les relations entre Kabila et Tshisekedi, déjà tendues depuis la fin de leur alliance en 2020, se sont davantage détériorées, alimentées par les soupçons de Kinshasa sur le rôle de l’ancien président dans la résurgence du M23. Cette arrivée à Bukavu intervient également dans un contexte de médiation régionale et internationale. Des discussions soutenues par les États-Unis, impliquant des délégués de Kinshasa et de Kigali, se déroulent à Washington pour tenter de conclure un accord de paix ce vendredi 27 juin. Par ailleurs, les récentes initiatives des Églises catholique et protestante, qui ont proposé un dialogue national après des consultations menées en RDC et à l’étranger, ont reçu le soutien de Kabila.