Plus de cent femmes et jeunes issus de la société civile congolaise se sont réunis ce lundi 23 juin à l’hôtel Béatrice à Kinshasa, à l’occasion d’un atelier organisé par la Synergie des femmes pour la paix et la sécurité (SFPS). L’objectif était de valider et remettre officiellement une note de plaidoyer exigeant la cessation immédiate des hostilités dans l’Est du pays.
Dès son entrée dans la salle, Thérèse Kayikwamba Wagner, Ministre d’État et Ministre des Affaires étrangères, a été accueillie sous une salve d’applaudissements. Les femmes présentes, debout, ont salué avec ferveur celle qu’elles considèrent comme une alliée de leur combat pour la paix et la dignité.
L’événement, à la fois solennel et porteur d’espoir, a marqué un moment charnière pour la société civile féminine congolaise. La note de plaidoyer, fruit d’un processus consultatif national réunissant femmes leaders communautaires, survivantes de conflits, déplacées internes et représentantes de la jeunesse, a été validée puis remise solennellement à la Ministre d’État.
Un appel pressant à l’action
Dans son discours, la cheffe de la diplomatie congolaise a salué la résilience des femmes, soulignant qu’elles « ne sont pas seulement des victimes, mais des actrices de paix, des bâtisseuses de société et des porte-voix de la justice ». Elle a réaffirmé l'engagement de son ministère à porter ce plaidoyer à tous les niveaux : régional, continental et international.
« La situation sécuritaire dans l’Est de la RDC n’est pas un combat réservé aux femmes ; elle nous interpelle tous », a déclaré la Ministre.
Elle a évoqué la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations unies, exigeant la fin des hostilités, le retrait des troupes rwandaises et du M23, ainsi que la protection effective des populations civiles, notamment à Goma et Bukavu.
La Ministre a également rappelé que l’entrée récente de la RDC au Conseil de sécurité en tant que membre non permanent renforçait son engagement à promouvoir les agendas « Femmes, Paix et Sécurité » et « Jeunesse, Paix et Sécurité » sur la scène internationale.
La voix des femmes : entre urgence et espoir
Déborah Nyamugabo, porte-parole de circonstance de la coalition nationale des femmes, a pris la parole pour évoquer les drames humanitaires à l'Est : près de 2,3 millions de déplacés au Nord-Kivu, 3,8 millions de personnes en insécurité alimentaire, des violences sexuelles massives, l’enrôlement forcé d’enfants, et la destruction de villages entiers.
« Ces chiffres ne sont pas que des statistiques. Ce sont des vies brisées, des familles disloquées, des destins suspendus », a-t-elle déclaré.
Elle a exhorté le gouvernement à adopter des mesures immédiates et structurelles, incluant un cessez-le-feu imposé, la réintégration des déplacés, l’accès aux services de base, ainsi que l’ouverture d’un dialogue de paix inclusif avec au minimum 30 % de participation féminine.
Parmi les recommandations phares figurent la création d’un tribunal international pour la RDC, l’adoption de lois sur la justice transitionnelle, la traçabilité des ressources naturelles et l’intégration encadrée des milices dans l’armée nationale.
ONU Femmes : un soutien indéfectible
Pour sa part, le représentant d’ONU Femmes en RDC a salué la portée de cette note, la qualifiant de « feuille de route vivante pour une paix inclusive et durable ». Il a insisté sur le fait que soutenir cet agenda n’était « pas une option mais un mandat » et que l’organisation restait engagée à toutes les étapes du plaidoyer et de la mise en œuvre.
Il a également souligné que « sans les femmes au cœur du processus, il ne peut y avoir de développement durable, ni de paix véritable ».
La remise de la note de plaidoyer s’est déroulée en présence de plusieurs personnalités diplomatiques, d’élus nationaux, et de représentants de ministères.
L’unanimité des intervenants a renforcé le message central de la journée : les femmes congolaises ne demandent pas seulement la paix, elles la construisent déjà.
L’atelier, clôturé sous les applaudissements, aura marqué les esprits par l’unité et la force collective exprimée. La note remise est désormais entre les mains des autorités, et les attentes sont grandes pour qu’elle ne reste pas lettre morte, mais devienne le socle d’une paix véritable et durable.