Tanganyika : AFREWATCH lance un projet dénommé “Faire entendre la voix des communautés autour de Manono”, l'idée étant d'accompagner la population locale sur les questions de développement

Mines de Manono Lithium, vue aérienne
Mines de Manono Lithium, vue aérienne

Le territoire de Manono possède l'un des plus grands gisements du lithium dans le monde. Au côté de ces minerais d'avenir pour la fabrication des piles rechargeables pour les appareils électroniques, l'étain et la cassitérite. C'est dans ce contexte que l'Observatoire Africain des Ressources Naturelles (AFREWATCH) a mis en place dans le territoire de Manono, province du Tanganyika, sud-est de la RDC, un projet dénommé “Faire entendre la voix des communautés autour de Manono”. Ce projet vise à accompagner les communautés locales impactées par les activités minières pour un développement durable.

“Nous avons mis en place un programme d'accompagnement des communautés locales. C'est un travail que nous faisons déjà au Lualaba par exemple depuis plusieurs années. Il vise à renforcer les communautés en capacités, les organiser en structure pour capitaliser les opportunités de développement qu'apporterait l'exploitation prochaine du lithium, et leur permettre d'éviter les problèmes qu'on a connus avec les communautés du Lualaba et du Haut-Katanga qui n'ont pas été assez préparées pour l'exploitation du cobalt et cuivre et qui aujourd'hui font face à des multiples problèmes environnementaux et sociaux. On a mis en place un programme ou un projet dénommé “faire entendre la voix des communautés autour de Manono”. Il y a dans cela le renforcement des capacités des communautés autour des projets de développement communautaire et les opportunités de développement selon le code minier, puisque nous avons fait un constat amer des conditions sociales de Manono, une population qui vit dans une précarité totale”, explique Jean-Pierre Lwamba, activiste à AFREWATCH.

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Une dizaine d'entreprises minières sont sur place mais sans impact positif sur le quotidien de la population locale, selon son cri d'alarme. 

“Ce sont des sociétés minières de Manono qui bénéficient des couvertures des autorités politico-administratives à tous les niveaux, la population essaie juste de demander ses droits, de rappeler les responsabilités sociétales. Ceci ne marche pas. On ne respecte pas le code minier. Manono a plus de 10 sociétés avec permis d'exploitation mais aucun cahier de charge vis-à-vis des communautés locales impactées par leur production. Nous avons nos minerais mais ils profitent aux gens qui sont en dehors de Manono. Qu'est ce que nous voulons ? Puisque nous sommes impactés négativement, nous voulons les routes. Sur le plan économique, ces mêmes sociétés n'accordent pas de contrats sérieux aux travailleurs et à la sous-traitance soit aux expatriés ou aux gens qui viennent de Kinshasa”, explique Dieu Merci Kabila, activiste local de la société civile de Manono.

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Manono, cité minière depuis plus de soixante ans, n'a rien de particulier en dehors des bâtisses, autrefois habitées par les colons Belges qui travaillent à Geomines, cette entreprise d'exploitation de l'étain devenue Zaïre Étain après la nationalisation et Congo Étain. Ses populations, avec une économie qui peine à décoller, n'a pas d'eau potable ni d'électricité alors qu'elle a, actuellement son lithium dont l'exploitation officielle n'a pas encore démarré à la suite des conflits persistants autour de la Cominiere, l'entreprise étatique et AVZ, cette autre entreprise australienne dont les procédures en arbitrage sont en cours au pays, à Paris et aux États-Unis.

José Mukendi