Ce lundi 19 mai, au total 786 réfugiés rwandais ont été rapatriés au Rwanda via le poste frontière de la Grande Barrière à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Cette opération a été organisée par le Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR), en collaboration avec les autorités du mouvement armé AFC/M23.
Selon Eujin Byun, porte-parole du HCR, la majorité de ces familles proviennent de Karhenga, dans le territoire de Masisi. Elles avaient fui le Rwanda en 1994, pendant le génocide, et s’étaient installées en République démocratique du Congo. Depuis la prise de Goma par la rébellion de l’AFC/M23 fin janvier, elles étaient hébergées dans un centre pour déplacés à Sake, à une vingtaine de kilomètres de Goma.
Des sources sécuritaires et humanitaires indiquent que ces familles n’ont pas été autorisées à retourner dans leur village congolais d’accueil après l’arrivée de l’AFC/M23, qui les a obligées de quitter Karhenga dans le Masisi afin de retourner au Rwanda.
Parmi ces réfugiés, Gisèle Tuyisenge Nsabimana, 41 ans et mère de sept enfants. Elle raconte son parcours depuis son arrivée en République démocratique du Congo en 1994, au début du génocide au Rwanda.
« J'avais 10 ans lorsque j'ai fui le Rwanda pour venir ici en RDC. C'était pendant la guerre du génocide. Mon père et ma mère avaient été tués. Quand je suis arrivée, j’ai d’abord été accueillie dans le camp de déplacés de Mugunga, avant d’être transférée à Karhenga, dans le territoire de Masisi. On nous a ensuite demandé de quitter Karhenga pour aller à Sake. À Sake, les militaires du M23 sont venus nous chercher dans l’école où nous étions hébergés. Ils nous ont emmenés d’abord au stade, puis dans les locaux du HCR. Nous voilà maintenant prêts à traverser pour retourner au Rwanda. Pour moi, cela fait longtemps que je n’ai pas mis les pieds au Rwanda, mais j’ai un proche qui habite à Ruhengeri. C’est là-bas que je compte m’installer en attendant. », a-t-elle témoigné.
À leur arrivée à la frontière rwandaise, ces familles ont été accueillies par les autorités locales du Rwanda. Prosper Mulindwa, maire du district de Rubavu, a assuré : « Nous allons tout faire pour les réintégrer dans la société, pour qu'ils aient les mêmes responsabilités, les mêmes droits que les autres Rwandais. »
Le week-end dernier, plus de 300 civils ont été expulsés de Goma vers le Rwanda. L’AFC/M23 affirme qu’il s’agissait de Rwandais en situation irrégulière. Parmi eux figuraient 181 hommes, principalement d’ethnie hutu, présentés comme des « ressortissants rwandais illégaux ». Ils ont été rejoints par leurs familles, transportées dans des camions affrétés par l'AFC-M23.
Ces personnes, initialement rassemblées au stade de l’Unité de Goma, possédaient pour la plupart des pièces d’identité congolaise, que l’AFC/M23. Ces pièces sont considérées par les autorités rebelles comme étant falsifiées et ont été brulées.
Début mars, les autorités de l’AFC/M23 avaient déjà remis au Rwanda vingt combattants présumés des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), vêtus d’uniformes des FARDC (Forces armées de la RDC).
Josué Mutanava, à Goma