L’ex-ministre Kazadi dénonce l’indiscipline budgétaire et l’explosion des dépenses : 53 établissements publics créés sans prévision

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Nicolas Kazadi, mistre des Finances

L’ancien ministre des Finances de la République démocratique du Congo, Nicolas Kazadi, a affirmé que l’État avait créé 53 établissements publics au cours du premier mandat du président Félix Tshisekedi, sans aucune prévision budgétaire. « Tout le premier mandat, l’État a créé 53 établissements publics nouveaux. On le paie en cours d’année, sans prévision budgétaire. Ils commencent à recruter, ils n’ont même pas de cadre limite », a-t-il déclaré au cours d’une émission animée par la journaliste Paulette Kimuntu.

Nicolas Kazadi, qui a dirigé le ministère des Finances entre avril 2021 et juin 2024, soit pendant trois ans et un mois, a également critiqué les pratiques budgétaires au sein des institutions. « Nous voulons trop de jouissance. S’il y a de l’argent, partageons d’abord et nous allons réfléchir après. L’argent du projet est arrivé, on se le partage d’abord et on va réfléchir plus tard. C’est ça le problème », a-t-il dit.

Il a rappelé avoir porté le budget national de 4 milliards USD à 16 milliards de dollars américains durant son passage au gouvernement. « J’ai ramené le budget national de 4 milliards de USD à 16 milliards. Au fur et à mesure, les rubriques et les primes se multiplient », a-t-il souligné.

S’agissant des dépenses du Parlement, Kazadi a relevé une forte hausse entre 2017 et 2023. « Pour le Parlement, 2017-2018, c’était environ 5 milliards FC par mois. En 2023, c’est autour de 45 milliards de francs congolais », a-t-il indiqué.

L’ancien ministre a reconnu que cette situation était suivie au plus haut niveau de l’État : « On en parle même dans le conseil de sécurité, mais ce n’est pas facile. »

Ces déclarations interviennent dans un contexte de tensions budgétaires croissantes. Lors de la 42ᵉ réunion du Conseil des ministres, tenue le vendredi 2 mai 2025, le président Félix Tshisekedi a exhorté le gouvernement à adopter des mesures urgentes pour redresser les finances publiques, dans un contexte d’agression rwandaise à l’Est et de hausse des dépenses sécuritaires. Il a insisté sur la nécessité d’un contrôle rigoureux du cadre macroéconomique, et a demandé un audit des structures nouvellement créées afin d’en évaluer la pertinence.