Santé : le manioc entre richesse nutritionnelle et risques sanitaires au cœur d’un débat scientifique à l’Unikin

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Conférence autour du manioc à l'Unikin

L’Université de Kinshasa (UNIKIN) a organisé, mardi 29 avril, une conférence-débat autour du thème : « Le manioc : source de nutriments ou mythe de la bêtise ? ». Cette initiative fait suite à la publication virale, le 1er avril dernier, d’un article affirmant que la consommation de manioc rendrait « bête », provoquant de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux.

Dans la salle Monekosso du campus, plusieurs experts ont pris la parole, dont Marie Claire Yandju Dembo, Secrétaire générale à la recherche de l’UNIKIN, le professeur Daniel Okitundu, médecin-directeur du Centre neuro-psycho-pathologique (CNPP), ainsi que le professeur Doha, de l’Université de Ngaoundéré (Cameroun), intervenu à distance.

Dans son exposé, le professeur Daniel Okitundu a mis en lumière les bienfaits et les risques sanitaires liés à la consommation de manioc.

« Le manioc est l’aliment de base d’environ 12,5 % de la population mondiale. Il possède des vertus, notamment ses feuilles qui ont des propriétés antioxydantes bénéfiques pour le cerveau. Mais mal préparé, surtout en période de crise ou de famine, le manioc amer mal détoxifié peut entraîner des troubles neurologiques graves. D’où l’importance de continuer les recherches sur nos habitudes alimentaires afin de prévenir la malnutrition chronique », a-t-il expliqué.

Depuis le Cameroun, le professeur Doha a évoqué les dangers spécifiques du manioc amer, notamment en cas de mauvaise manipulation.

« L’exposition prolongée à l’acide cyanurique, notamment en épluchant le manioc toute une journée sans protection, peut entraîner des maladies comme le goitre endémique ou la paraparésie », a-t-il averti.

Marie Claire Yandju Dembo a, quant à elle, recentré le débat sur l’importance des techniques traditionnelles de détoxication développées en RDC et dans plusieurs pays africains.

« Contrairement à d’autres pays qui considèrent le manioc comme un aliment pour bétail, en RDC, il fait partie intégrante de la culture culinaire. Cela a conduit à l’élaboration de méthodes permettant de neutraliser le cyanure, à travers la fermentation ou d’autres procédés. Il faut savoir que même le manioc dit "doux" contient du cyanure, entre 50 et 100 mg par kilo. Il est donc crucial de bien traiter le produit avant sa consommation », a-t-elle précisé.

La Secrétaire générale a également salué le potentiel du manioc dans l’industrialisation alimentaire du continent.

« Le manioc est une source d’énergie et un atout pour notre souveraineté alimentaire. Des pays comme le Ghana l’utilisent déjà dans la production de biocarburant. En RDC, il pourrait aussi jouer un rôle clé dans l’économie, notamment dans la boulangerie et d’autres filières agroalimentaires », a-t-elle ajouté.

En marge de la conférence, des étudiants ont salué l’initiative. Buhek Hyoja, étudiante en 3ᵉ année de biologie, a indiqué à d’ACTUALITE.CD être plus éclairée.

« On nous a éclairés sur les techniques de traitement du manioc pour éviter ses effets toxiques tout en tirant profit de ses qualités nutritionnelles. C’est une information essentielle », a-t-elle confié.

Même sentiment pour Gabriel Ngoyi, également étudiant en L3 biologie.

« Le manioc est un aliment qu’il faut valoriser. Il contribue à la croissance grâce à sa richesse en amidon, essentiel pour l’organisme ».

Marianne Enungu, stagiaire UCC