Pluies diluviennes à Kinshasa : à Binza Delvaux (Laloux), le bourgmestre s’explique sur la tête d’érosion en progression, « cela n’a pas commencé avec ce pouvoir »

Une tête d'érosion en progression à Laloux
Une tête d'érosion en progression à Laloux

Les habitants des avenues Tokende, Marie-Antoinette, Makombo, Mbashi et Lundisa sont en liesse depuis la nuit du jeudi 1 mai après les pluies torrentielles qui se sont abattues sur la capitale Kinshasa. La tête d’érosion qui traverse leurs avenues avance au grand dame des habitations et maisons commerciales des riverains qui se sont réveillés dépités pour certains, dépouillés de tout pour les autres. 

Plusieurs foyers sont dehors, des enfants et leurs parents assis devant ce qui leur reste après la catastrophe. Les avenues Tokende, Mbashi et Makombo, qui traversent les quartiers Punda et Bangu à Binza Delvaux (Laloux) dans la commune de Ngaliema, sont touchées fortement par cette érosion qui dure depuis 24 ans et progresse rapidement. L’épée de Damoclès plane sur les avenues Kimafu, Kimbembo. Les pluies de ce jeudi ont aggravé la situation. Une partie de la chaussée Laloux a été touchée, coupant l'accès à l'avenue Marie-Antoinette. 

Les habitants du coin sont dépourvus de rejoindre leurs maisons en toute sécurité. La situation devient de plus en plus abasourdissante avec les précipitations qui sont toujours pendantes sur Kinshasa, le danger de voir d’autres maisons partir dans cette veille érosion est autant palpable que prévisible. 

L’autorité municipale de la commune de Ngaliema qui a fait le déplacement du lieu ce vendredi 2 mai dans la matinée pour faire l’état de l’ampleur de dégâts causés, a rappelé aux riverains que la situation date d’il y a 24 ans de cela et qu’elle ne fait que se détériorer dans le temps.  Lui et son administration en ont hérité des mains du pouvoir passé . 

« Likambo y'a érosion, ebandi te na pouvoir oyo, likambo y'a érosion ebanda depuis 2001-2002 (Cette tête d’érosion n’est pas un phénomène propre à ce pouvoir. Elle date depuis 2002-2001) », a d’abord rappelé le bourgmestre Dieu-Merci Mayibaziluanga. « Dans le temps, le groupe de construction de Aaron Sefu a été dépêché sur le terrain sous les parrainages de l’OVD pour en finir. Des budgets ont été alloués en mainte reprise, mais les travaux n’ont jamais connus leurs fins et c’est ce qui a facilité l’avancée en vogue de cette d’érosion », se dédouane t-il avant de rappeler que « je suis un natif de Delvaux, je ne voudrai pas que mes frères se trouvent dans ce pétrin. Si je n’éprouvais aucun amour, je ne me déplacerai pas pour venir faire le constat ce matin. Cette érosion n’est pas dans l’obédience du bourgmestre encore moins de celle du Gouverneur, ou des députés provinciaux et nationaux. Elle relève de la compétence du gouvernement central. Le président de la République a été saisi pour cette problématique ».

La population, elle de son côté, déplore l’ambiguïté qui entoure cette problématique des travaux de construction du pont qui devrait se jeter sur ce grand ravin fort longtemps pour palier nette et étouffer dans l’œuf les sinistres y afférents. Sous la gouvernance de Thomas Luhaka Losondjola, alors vice-ministre des infrastructures et travaux publics  « les sociétés à crédit ont été saisies lorsqu’on crée le connecteur d’eaux du camp Okapi pour diligenter de travaux de finissage. Mais ces  sociétés qui gagnent ce marché depuis, il me semble qu’ils sont dans l’incapacité de gérer la situation », informe à Actualité.cd un des notables du coin. En parallèle « l’argent a été remis aux riverains afin de s’offrir les parcelles à 40 mètres pour quitter les environs afin de faciliter le début des travaux. Malheureusement, la réparation par famille n’a pas été faite équitablement », décrit t-il avant d’en appeler ouvertement à « L’IGF et au Gouvernorat de Kinshasa de s’en saisir du dossier pour diligenter un audit ». À l’en croire, l’opacité qui entoure le dossier fait foi d’un détournement en sursis des sommes décaissées pour l’effectivité des travaux et du déguerpisement des habitants du coin puisque « le bureau de l’assemblée nationale dirigé par Christophe Mboso Nkodia Pangwa a reçu les documents de nos divers contestant concernant les entreprises dépêchées sur terrain », informe t-il. « A la clairvoyance du ministre Alexis Gisaro qu’il revisite les dossiers de ces travaux sur sa table ». 

De son côté, Dieu-Merci Mayibaziluanga a rassuré que les travaux vont être relancés sous peu, selon lui « ce projet de réhabilitation se déroulera en deux tranches. La première, c’est la stabilisation de l’érosion. Deuxième phase, c’est la construction des canalisations et drainage d’eaux usées et de pluies. L’entreprise d’Aaron Sefu était sur le terrain avec moi pour lancer les travaux, on attendait que le décaissement de l’argent. Pour l’heure, l’argent a été décaissé, je vous assure que dès demain les travaux vont débuter », rassure t-il.

Jenovic Lumbuenadio