Genocost : Félix Tshisekedi enjoint les deux chambres du Parlement d'examiner l’adoption d’une résolution reconnaissant le génocide en RDC

Photo
Commémoration Genocost à Kisangani

Les deux chambres du Parlement à savoir l'Assemblée nationale et le Sénat sont appelées à voter une résolution reconnaissant les génocides en République Démocratique du Congo (RDC). Cet appel est du Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi au cours de la cérémonie commémorative du génocide congolais perpétré pour des fins économiques (GÉNOCOST), organisé samedi 2 août 2025 au Mémorial de Kinshasa.

"J’appelle solennellement les deux Chambres du Parlement à examiner dans les meilleurs délais l’adoption d’une résolution officielle, proclamant au nom de la Nation, la reconnaissance des génocides commis sur notre sol. Ce ne serait pas qu’un symbole, mais un acte souverain de vérité et de mémoire", a recommandé en substance le Chef de l’État devant les chefs des institutions concernées, des membres du gouvernement et des diplomates accrédités en RDC.

Pour le Président Félix Tshisekedi:" Si le monde hésite encore à reconnaître cette tragédie pour ce qu'elle est un génocide rampant, nous n'attendrons pas que d'autres valident notre douleur, nous en sommes les premiers témoins, nous en serons les premiers artisans de justice"a souligné le garant de la nation dans son discours de circonstance.

L'objectif poursuivi selon Félix Tshisekedi dans cette démarche est celui de la dignité, de l'espérance pour ne pas oublier tout ce qui se passait en République Démocratique du Congo.

"Le combat que nous menons est celui de la vérité, de la dignité et de l'espérance. Il est celui d'un peuple debout qui refuse l'oubli et qui choisit d'avancer vers la justice avec lucidité, constance, détermination et persévérance. En ce jour de mémoire, je tiens à rendre un hommage appuyé à toutes les forces vives de la nation, société civile, chercheurs, associations des victimes, survivants qui dans la douleur avec leur humanité fièrement gardé, ont maintenu vivantes la flamme de la vérité et de la mémoire", a indiqué Félix Tshisekedi dans son discours.

Et de faire remarquer :

"Depuis plus de trois décennies, la République Démocratique du Congo subit une guerre d'agression dont les enjeux dépassent largement le cadre militaire ou géopolitique, ce conflit se transformait en une entreprise prédatrice à viser économique en une atteinte délibérer à notre identité collective et à l'intangibilité de nos frontières allant parfois jusqu'à prendre les traits d'une logique d'inspiration génocidaire. Dans plusieurs régions de notre pays des communautés entières ont été ciblées, des familles décimées, des pans entiers de notre mémoire culturelle méthodiquement effacés".

À titre indicatif, Félix Tshisekedi est revenu sur les différents massacres perpétrés en République Démocratique du Congo. Après avoir fait observer une minute de silence en mémoire des victimes, Félix Tshisekedi affirme que ce silence observé doit être considéré comme un cri, un appel à la justice.

"Ainsi, des noms n'a guère connu pour leur beauté ou leur histoire Kasika, Makobola, Katogota, Kamituga, Mwenga, Kilungutwe, Kishishe, Mugunga, Bambo, Kazaroho, Nyondo, Yumbi et tant d'autres ne sont plus des simples repères géographiques, ils sont devenus les stigmates d'un drame humain d'une ampleur telle qu'il interpelle la conscience universelle. Le silence que nous venons de garder résonne comme un cri, un appel à la justice, il nous rappelle qu'au-delà de chaque chiffre, il y a une vie brisée, un rêve éteint, un nom effacé, une famille meurtrie, une destinée arrêtée et c'est à nous héritier de cette mémoire qu'il revient de la préserver, de l'élever et d'en faire le socle d'une action lucide, responsable et irréversible", a souligné Félix Tshisekedi dans son intervention.

La République démocratique du Congo commémore chaque 2 août la journée nationale du GENOCOST, le génocide congolais pour des gains économiques. Cette journée initiée par le gouvernement depuis maintenant 3 ans vise à rendre hommage à de dizaines des millions de congolais morts à la suite des guerres et autres conflits armés qui endeuillent le pays depuis près de trois décennies déjà et pour que ces crimes ne tombent pas dans les oubliettes, cette journée du 2 août rappelle les souvenirs macabres des atrocités, dont le principal mobile reste l’exploitation illicite des ressources naturelles de la RDC.

La date du 2 août consacrée à la commémoration des victimes des violences massives qui ont endeuillé le pays depuis plus de trois décennies ainsi qu’à l’hommage rendu à celles et ceux qui leur ont porté secours tire son origine de l'article 28 de la loi du 26 décembre 2022 fixant les principes fondamentaux relatifs à la protection et à la réparation des victimes de violences sexuelles liées aux conflits et des victimes de crimes contre la paix et la sécurité de l'humanité. 

Rappelons que la Commission interinstitutionnelle d’aide aux victimes et de soutien aux réformes (CIA-VAR) et le Fonds National des Réparations des Victimes des Violences Sexuelles liés aux Conflits et des Victimes des Crimes contre la paix et la sécurité de l'humanité, FONAREV en sigle ont été instituées en décembre 2022 par la loi précitée. La première a pour mission de mener des réflexions et recherches pour accompagner la mise en œuvre de la justice transitionnelle en RDC, en proposant des réformes sur le cadre institutionnel et juridique susceptibles de garantir la non-répétition des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité, ainsi que d’assurer le suivi de la mise en œuvre des programmes d’aide aux victimes et d’émettre des avis sur la question d’aide et des réparations.

Les missions du FONAREV sont nombreuses et essentielles pour répondre aux besoins des victimes des violences sexuelles et des crimes contre l’humanité en RDC. Elles comprennent : identifier les victimes, aider les victimes à avoir accès à la justice, allouer les réparations aux victimes.

Clément MUAMBA