Malgré le semblant de cessez-le-feu entre les Forces armées de la République Démocratique du Congo et la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda, la situation humanitaire dans les provinces de l'Est reste critique, avec une augmentation dramatique des besoins. C'est ce qu'a révélé Bintou Keita, Cheffe de la Monusco au briefing du conseil de sécurité de l'ONU consacré à la situation sécuritaire dans l'Est de la RDC.
Dans son intervention, Bintou Keita a indiqué que l'accès humanitaire reste entravé dans des nombreuses zones en raison de la présence des groupes armés. À en croire la cheffe de la Monusco, à ce jour, le plan humanitaire 2025 lancé récemment à Kinshasa entre le gouvernement et les humanitaires est financé jusque-là à hauteur de 8,2%.
"Cette aggravation de la situation intervient dans un contexte global de crise de financement. Le Plan de Réponse Humanitaire 2025 n’est pour le moment financé qu’à hauteur de 8,2 % contraignant les acteurs humanitaires à effectuer des priorisations extrêmes. Dans ce contexte difficile, la MONUSCO reste pleinement engagée à mettre en œuvre son mandat, tel que défini dans la résolution 2765 du Conseil de sécurité", a déclaré Bintou Keita, cheffe de la Monusco.
Selon Bintou Keita, les affrontements FARDC et M23 ont contraint des centaines de milliers de civils à fuir. Les communautés déplacées subissent souvent des pressions pour retourner dans leurs lieux d'origine, sans conditions de sécurité adéquates.
"L'accès humanitaire reste entravé dans de nombreuses zones en raison de l'insécurité et de la présence de groupes armés. La fermeture prolongée des aéroports de Goma et de Kavumu constitue un obstacle majeur à l’acheminement de l’aide. Le non-fonctionnement du secteur bancaire dans les zones sous autorités de facto complique également la réponse humanitaire, mais également la vie de la population en général.En Ituri, la recrudescence des attaques de groupes armés et des affrontements entre ceux-ci et les UPDF déployées ont exacerbé la violence contre les civils, augmentant les besoins humanitaires et compliquant l’accès", a-t-elle ajouté.
Le gouvernement de la République démocratique du Congo et la communauté humanitaire ont procédé ce jeudi 27 février 2025 à Kinshasa, au lancement du Plan de réponse aux besoins humanitaires 2025, afin de mobiliser 2,54 milliards de dollars. Cette enveloppe est cruciale pour fournir une aide vitale à 11 millions de personnes dont 7,8 millions de déplacés internes, l’un des niveaux les plus élevés au monde parmi les 21,2 millions de Congolais affectés par des crises multiples : conflits armés, catastrophes naturelles et épidémies.
Le lancement du Plan de réponse intervient dans un contexte particulier de polycrise multidimensionnelle d’une « ampleur inédite » qui combine trois éléments déstabilisateurs majeurs, à savoir la spirale de violence qui s’étend de l’Ituri au Tanganyika et la présence du M23 en autorité de facto dans des zones clés du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, où les besoins humanitaires sont très importants.
Bruno Lemarquis, numéro 2 de la MONUSCO et Coordonnateur résident et Coordonnateur des opérations humanitaires rappelle qu’il s’agit aussi d’une « crise majeure du financement » de la réponse humanitaire. Allusion faite à la crise de financement internationale liée au gel des aides américaines via l'USAID, l'Agence d'aide au développement international des États-Unis.
Clément MUAMBA