Exetat 2025 en RDC : au lieu de priver les élèves finalistes des zones occupées par l’AFC/M23 de passer cette épreuve, un député préconise l’ouverture d’un couloir humanitaire

Les élèves de 8e au TENASOSP
Les élèves de 8e lors du TENASOSP 2022 à Mbuji-Mayi

Des incertitudes planent au sujet de la participation des élèves finalistes, vivant dans des zones sous occupation des rebelles de coalition M23/AFC, aux épreuves de l’examen d’État, édition 2025, prévue du 24 au 27 juin prochain, sur l’ensemble du territoire national de la RDC. C'est après le report sine die, par l'inspection générale de l’éducation, de la participation des élèves autodidactes des provinces éducationnelles du Nord-Kivu 1, Sud-Kivu 1 et 3 à l’épreuve préliminaire de l'Exetat 2025, tenue le 7 mars dernier. 

Pour le député national Ayobangira Safari, élu du territoire de Masisi (Nord-Kivu), il s'agit là de la violation de l’article 43 de la Constitution qui stipule « toute personne a droit à l’éducation scolaire » et 13 «  aucun congolais ne peut (… ) faire l’objet d'une mesure discriminatoire, qu'elle résulte de la loi ou d'un acte de l’exécutif, en raison (… ) de sa résidence ». 

Le député a, dans une correspondance adressée, le 7 mars 2025, à la ministre d’État de l’éducation nationale et nouvelle citoyenneté, fait savoir que malgré la situation sécuritaire précaire, les élèves, les enseignants ainsi que les parents vivant dans des zones occupées ont déjà fait preuve d'une grande résilience. Pour lui, ils méritent « un accompagnement particulier pour ne pas réduire à néant leurs sacrifices et ainsi permettre de soulager tant soit peu leur souffrance »

Le parlementaire Ayobangira Safari pense à une mesure palliative. Il s'agit selon lui, « pour le gouvernement ainsi que ses partenaires tels que l’UNICEF, l’UNESCO et la MONUSCO d’étudier comment assurer un couloir humanitaire pouvant permettre la tenue effective de différentes épreuves certificatives sur toute l’étendue de la République »

Et d'alerter : «  La poursuite , par le gouvernement central, des services sociaux critiques tel que l’enseignement réaffirme l’unicité du pays et renforce la cohésion nationale, ultime rempart contre la menace de balkanisation ». 

Pour rappel, durant la période tragique de partition du pays lors de la deuxième guerre du Congo (1998-2003), les épreuves des Exetat se sont déroulées sur toute l’étendue du territoire national grâce aux partenaires, tels l’UNICEF, l'UNESCO et la MONUC. 

« Il est donc possible, malgré la situation préoccupante dans la partie Est de la République d'y organiser toutes les épreuves certificatives et ainsi sauver l'avenir de nos enfants déjà suffisamment meurtris par les affres de la guerre » conclut le député Ayobangira. 

Pour l’instant, des combats sporadiques ne cessent d'opposer les éléments de la coalition M23/RDF aux FARDC, appuyées par les volontaires pour la défense de la patrie (VDP), appelés communément « Wazalendo » sur plusieurs lignes, aussi bien dans la province du Nord-Kivu que dans celle du Sud-Kivu. Fin janvier dernier, les éléments du M23 se sont emparés de la ville de Goma (capitale du Nord-Kivu) avant de prendre, quelque deux semaines après, la ville de Bukavu (capitale du Sud-Kivu). Des combats se mènent actuellement en profondeur dans des territoires où les rebelles s’emparent de nouvelles localités et cherchent à en occuper d’autres. 

Après la rencontre, mardi 11 mars à Luanda, entre les présidents Félix Tshisekedi de la RDC et Joao Lourenço de l’Angola et médiateur désigné pour la désescalade de la crise, ce dernier a promis de rencontrer les dirigeants de l'AFC/M23 pour des négociations avec Tshisekedi. Kinshasa a pris acte et s'en tient toujours au processus de Nairobi pour la résolution de la crise.