Malgré les interpellations de la communauté internationale et des organisations régionales, la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda poursuit son avancée dans la province du Sud-Kivu aggravant la crise sécuritaire et humanitaire dans l'Est de la République Démocratique du Congo. Dans une déclaration lundi 17 février 2025, Human Rights Watch qui mène des recherches et des actions de plaidoyer en faveur des droits de l'homme a indiqué que les dirigeants européens devraient prendre des mesures urgentes contre les parties au conflit notamment le régime de Kigali et ses supplétifs du M23.
Human Rights Watch dénonce « l'inaction » de l'Union européenne face aux atrocités soutenues par Kigali en République Démocratique du Congo. Cette organisation internationale de défense des droits de l’homme appelle l’Union européenne à capitaliser la résolution votée par les eurodéputés pour notamment aboutir à la suspension du Mémorandum d’Entente UE-Rwanda sur les matières premières.
« La résolution parlementaire de la semaine dernière donne à l'UE une voie claire à suivre. Tout d'abord, elle devrait sanctionner les commandants de haut niveau impliqués dans les violations commises dans l'est du Congo, y compris les hauts officiers rwandais. Deuxièmement, l'UE devrait suspendre son accord sur les minerais avec le Rwanda. Le groupe d'experts des Nations unies sur le Congo est catégorique : le M23 et le Rwanda profitent largement de l'exploitation illégale des minerais dans l'est du Congo, tandis que le Rwanda exerce un «contrôle et [une] direction […] de facto » sur les opérations militaires du M23. Le commissaire européen chargé des partenariats, Josef Sikela, devrait reconnaître que l'accord n'est pas conforme à la réalité et qu'il envoie un message incohérent au Rwanda », renseigne Human Rights Watch.
Et de poursuivre :
« Troisièmement, l'UE et ses membres devraient mettre fin à toute coopération militaire et aux ventes d'armes qui favorisent les opérations militaires rwandaises au Congo. Un chèque de 20 millions d'euros pour le déploiement du Rwanda au Mozambique a été approuvé alors que le Rwanda intensifiait son soutien au M23. Alors que les opérations dans le nord du Mozambique ont connu un certain succès, un commandant des forces rwandaises financées par l'UE au Mozambique y a été transféré tout juste après avoir dirigé les opérations rwandaises dans l'est du Congo. Par son soutien militaire, l'UE risque de se rendre complice des violations commises par le Rwanda dans l'est du Congo ».
HRW déplore la responsabilité du Rwanda dans la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire dans l'Est de la RDC, et apporte son appui à la résolution votée par le parlement européen.
« La résurgence du M23 depuis la fin de l'année 2021 dans l'est du Congo a exposé les civils à des déplacements massifs, à des bombardements indiscriminés et à des meurtres, à des violences sexuelles généralisées et à d'autres violations commises par toutes les parties au conflit. Le soutien actif du Rwanda au groupe armé a été confirmé par de nombreux acteurs, y compris des enquêteurs des Nations unies. La crise humanitaire est massive : des centaines de milliers de personnes ont été déplacées, certaines plus d'une fois, par le M23 et n'ont pas accès à l'aide humanitaire.Mais qu'a fait l'UE ? Elle a publié une déclaration ferme le 25 janvier, exhortant le Rwanda à cesser de soutenir le M23, qui commet des abus, tout en s'engageant à utiliser tous les outils disponibles. Mais depuis, rien » déplore HRW dans sa déclaration.
Dans une résolution ferme adoptée la semaine dernière, le Parlement européen a critiqué l'inaction des dirigeants de l'Union européenne dans l'est de la République démocratique du Congo, et où le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, commet de graves violations des lois de la guerre.
Dénonçant le « manque de cohérence » de l'UE et l’envoi d’un « message incohérent » au Rwanda, les législateurs ont exhorté la Commission européenne et les États membres à exercer une véritable pression sur ceux qui alimentent les atrocités au Congo, à commencer par le Rwanda, principal soutien du M23.
Clément MUAMBA