Plusieurs écoles de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, n'ont pas rouvert leurs portes ce lundi comme prévu, malgré la sensibilisation des autorités scolaires qui avaient appelé les parents à envoyer leurs enfants à l’école depuis la semaine précédente. Dans une école privée de la commune de Goma, les enseignants et le personnel administratif étaient présents, mais les élèves ont brillé par leur absence. Cette situation a été confirmée par un inspecteur de l'enseignement, qui, après avoir constaté l'absence des écoliers, a demandé aux enseignants de retourner à la maison, tout en annonçant une réunion au bureau du PROVED dans la journée.
Ce lundi 17 février matin, bien que les écoles soient ouvertes et que les enseignants soient présents, les élèves ont répondu timidement à l’appel. On pouvait observer certains élèves en uniforme dans les artères de la ville, mais l’ambiance était froide.
Interrogés sur l’absence de leurs enfants, certains parents ont exprimé leur inquiétude, affirmant que la situation sécuritaire n’est pas encore rassurante.
D'autres établissements de la ville ont fait état d'une situation similaire, avec une absence généralisée des élèves. Cependant, dans certaines écoles secondaires les responsables ont indiqué avoir déjà débuté les examens hors session, bien que l'absence de certains élèves reste notable. Un directeur d’établissement a justifié cette situation par la persistance de la crise sécuritaire, affirmant que de nombreux élèves avaient quitté la ville en raison de la guerre.
« Aujourd'hui nous avons débuté les examens hors session. Certains élèves ont répondu présent et nous comptons poursuivre avec les examens proprement dits dès demain vu que nous avions perdu beaucoup de jours à la maison, nous invitons les autres à venir demain », a déclaré Malangule Muloba Anaclet, préfet des études à l'institut Zaner.
Les parents ont encore peur d’envoyer les élèves à l’école craignant pour leur sécurité. Dans une école située dans la concession de la paroisse Notre Dame d'Afrique, par exemple, sur plus de 800 élèves inscrits, seulement cinq étaient présents ce matin.
Dans plusieurs écoles du quartier Mabanga Nord, certains bâtiments restent occupés par des familles de militaires ayant fui le camp Katindo suite à l'occupation de la ville par les rebelles du M23. Cette situation complique l’organisation de la reprise des cours, selon les parents, qui expriment des inquiétudes concernant les conditions d’enseignement dans ces établissements encore partiellement occupés.
« Nous sommes avec nos enfants à la maison. Nous attendons le rétablissement de la paix dans toute la ville. La population est traumatisée, les parents d’élèves et les élèves ont des images de ce qui est à Goma récemment. La sécurité n'est pas rassurée », a confié Justine Chibalonza, parent d'un élève.
Bahati Kiza Adolphe, un autre parent s'inquiète toujours de la situation sécuritaire et préfère également garder ses enfants à la maison.
« Comment voudriez-vous qu'on envoie les enfants sachant qu'ils ne seront pas en sécurité ? Nous demandons juste le rétablissement de la paix. Jusqu'à présent, la population reste confuse car elle ne sait pas si elle doit faire preuve de courage sachant qu'on ne viendra pas l'aider dans l'immédiat ou se soumettre à l'ennemi tout en étant certaine de sa survie. Nos enfants seront à la maison ».
L'autorité provinciale de l’Éducation du Nord-Kivu (PROVED) avait lancé un appel en date du 7 février, incitant les écoles non affectées par les violences à reprendre les activités scolaires dès le 10 février. Certains établissements catholiques, tels que l’Institut Mwanga, ont suivi cet appel, diffusant des messages encourageant les parents à envoyer leurs enfants à l’école, tout en maintenant les horaires habituels.
Cette décision avait été prise après consultation avec la hiérarchie de l’Éducation Nationale. Le PROVED a insisté sur l'importance d'assurer des conditions pédagogiques optimales pour les élèves, en incitant les directeurs d'établissements à collaborer avec les Comités de parents pour évaluer les dégâts causés par les violences et planifier les réparations nécessaires.
Pour les écoles totalement détruites, comme l’École du Cinquantenaire, la reprise des cours sera progressive, en fonction de l’avancement des travaux de réhabilitation.
Josué Mutanava, à Goma