À la suite des violents affrontements entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda, pour le contrôle de la ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, le gouvernement a dressé un bilan provisoire de plus de 773 morts et 2 880 blessés, recensés dans les différentes structures sanitaires de la province.
Ces chiffres ont été communiqués lors d’un briefing de presse, samedi 1ᵉʳ février 2025, coanimé par le ministre de la Santé publique, Hygiène et Prévoyance sociale, Roger Samuel Kamba, et le ministre de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya.
« En quatre jours, nous avons déploré plus de 773 morts dans les structures de soins. Ce chiffre ne prend pas en compte les blessés et les morts qui n’ont pas pu être acheminés vers nos centres de santé, faute d’accès. Nos travailleurs et prestataires de santé sont eux-mêmes sous pression, mais ils continuent à faire leur possible », a expliqué Roger Kamba.
Le nombre de blessés, lui, s’élève à 2 880, mais pourrait être bien supérieur.
« Beaucoup de blessés restent bloqués chez eux, incapables de rejoindre les structures médicales en raison de l'insécurité. Le bilan que nous communiquons est donc un minimum, car de nombreuses victimes ne figurent pas encore dans nos statistiques », ajoute le ministre de la santé.
Ces chiffres avancés par Roger Samuel Kamba sont d’ailleurs supérieurs à ceux rapportés par l’ONU. Le ministre de la Santé a également tiré la sonnette d’alarme sur la saturation des morgues et la situation sanitaire critique dans la ville.
« Nos morgues ont dépassé leur capacité maximale. Les corps s'entassent, car nous n'avons plus assez de tiroirs pour les conserver. Malheureusement, des images et des photos que nous avons reçues témoignent de cette situation dramatique », a-t-il lancé.
Pire encore, de nombreux cadavres en décomposition jonchent encore certaines rues de la ville de Goma.
« Selon les informations que nous recevons, notamment de la Croix-Rouge, de nombreux corps sont en putréfaction en pleine ville. La situation dans certaines zones, comme Nyiragongo, est encore plus difficile à évaluer, car les conditions ne permettent pas un recensement précis », déplore le ministre de la santé.
Depuis la prise de Goma par le M23, la situation sécuritaire, humanitaire et économique s’est fortement dégradée. Lors d'une adresse à la nation, le président Félix Tshisekedi a promis une riposte vigoureuse pour tenter de reconquérir les localités sous occupation de la coalition M23-AFC-RDF.
Malgré les appels incessants de la communauté internationale et des pays de la région en faveur d'un retour aux discussions, la situation demeure bloquée depuis l'annulation de la réunion tripartite de Luanda. Si Kinshasa continue de croire en ce processus, Paul Kagame, lui, semble avoir tourné la page, multipliant ces derniers temps les critiques contre cette médiation pilotée par l’Angola.
Clément Muamba