Processus de Luanda : la VSV rejette tout dialogue avec le M23 et insiste sur une médiation ciblée qu’avec le Rwanda

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Les rebelles du M23 en discussion avec la force de l'EAC à Kibumba. Ph. ACTUALITE.CD.

La problématique relative au dialogue ou non avec le M23, soutenu par le Rwanda, après l'échec de la tripartite Angola, République Démocratique du Congo et Rwanda, a été abordée par l'ONG de défense des droits de l'homme La Voix des Sans Voix (VSV) dans une déclaration faite ce mardi 24 décembre 2024 à son siège à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo.

La Voix des Sans Voix pour les Droits de l'Homme (VSV) estime que le dialogue est  important et doit être permanent dans tout État. Cependant, la VSV s'interroge pour le cas du régime rwandais : comment ce régime peut-il subordonner tout dialogue avec la RDC à un dialogue entre celle-ci et le M23, alors qu'il n'a jamais souhaité dialoguer avec ses opposants et encore moins avec les FDLR ?

"La VSV, au regard des crimes et des violations graves des droits humains et du droit international humanitaire commis par le M23 en République Démocratique du Congo, encourage le gouvernement congolais à ne dialoguer qu'avec le régime rwandais et non avec le M23. Il est important que la communauté internationale œuvre dans ce sens", recommande la VSV par le biais de son directeur exécutif Rostin Manketa.

Pour la VSV, tout dialogue avec le M23 impliquerait le processus de mixage et de brassage au sein de l’armée ainsi que le partage des postes de responsabilité à divers niveaux, ce qui,  malheureusement, est à l'origine de l'infiltration des FARDC et des services de sécurité congolais, les affaiblissant au profit des armées des pays voisins.

"La VSV est convaincue que, sans infiltration, les FARDC, qui comptent des militaires bien formés et expérimentés depuis l'époque du Zaïre, feraient redouter tout envahisseur du territoire congolais. En définitive, la VSV demande à tous les Congolais et Congolaises instrumentalisés par des pays voisins de se sentir réellement Congolais en coupant le cordon ombilical avec les pays qui les manipulent, avant qu'ils ne les rejettent comme des chiffons", ajoute la VSV dans sa déclaration.

Malgré les obstacles, l’Angola reste engagé dans sa mission de médiation. Le 18 décembre, le président João Lourenço a envoyé une lettre à son homologue rwandais, Paul Kagame, par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, Tete António. Cette initiative témoigne de l’engagement de l’Angola, mandaté par l’Union africaine, à instaurer une paix durable dans l’est de la RDC.

Cependant, l’annulation de la tripartite de Luanda a marqué un revers pour ce processus. La réunion ministérielle préalable avait déjà été perturbée par l’arrivée tardive de la délégation rwandaise, retardant l’agenda et empêchant une rencontre symbolique entre João Lourenço et les parties. Uhuru Kenyatta, ancien président du Kenya, a également participé aux discussions dans le cadre du processus de Nairobi.

Pendant ce temps, la situation sécuritaire dans le Nord-Kivu demeure critique. Les rebelles du M23, soutenus par Kigali, poursuivent leurs offensives malgré l’accord de cessez-le-feu signé par les parties prenantes. Kinshasa, de son côté, refuse tout dialogue direct avec ces groupes armés, exacerbant l’impasse politique.

Alors que le processus de Luanda peine à produire les résultats escomptés, les États-Unis et d’autres partenaires internationaux exhortent les parties à intensifier les efforts pour éviter une escalade et saisir l’opportunité de paix qui s’offre à la région.

Clément MUAMBA