À l’occasion de la Journée mondiale du handicap, célébrée le 09 Octobre, le DeskFemme d’Actualite.cd a rencontré quelques congolaises vivant avec un handicap locomoteur. Elles ont partagé leurs expériences, les défis qu'elles rencontrent au quotidien et les causes de leur handicap, appelant ainsi à une meilleure prise en charge et à une plus grande inclusion sociale.
Âgée de 36 ans, Noëlla Mwanza, a perdu l’usage de sa jambe suite à un accident de la route le jour de ses 22ans. Elle décrit son quotidien dominé par une double discrimination du fait de son genre et de son handicap ainsi que son combat pour se déplacer dans une ville où les trottoirs sont rarement adaptés. « Être une femme et être handicapée en RDC, c'est un combat quotidien. Les rues ne sont pas adaptées, les transports en commun sont inaccessibles, les mentalités n’arrivent toujours pas à évoluer, et la société a encore du mal à nous accepter comme nous sommes. On nous considère souvent comme des personnes à charge, incapables de prendre des décisions pour nous-mêmes. Chaque jour est un défi. Et on se bat pour tenir au milieu de tout ceci », confie-t-elle.
« Mon handicap est dû à des complications qu’à connu ma mère lorsqu’elle était enceinte de moi. Je suis née ainsi et j’ai toujours rêvé d'étudier et de travailler, mais les opportunités sont limitées pour nous. Les gens ont peur de ce qu’ils ne comprennent pas. Je suis souvent perçue comme une personne incapable, alors que je suis résiliante et déterminée », explique Monique Sabwa qui est nee avec une malformation congénitale. Elle déplore le fait de faire face à des préjugés qui vont au-delà de son handicap
Arlette Mouli, 42 ans souligne de son côté que les causes de leurs handicaps sont souvent liées à des facteurs sociaux et environnementaux. « Les causes du handicap sont multiples : accidents de la route, maladies non traitées, malnutrition. Dans la plupart de cas, c’est le manque d’accès à des soins de santé adéquats, notamment en matière de réhabilitation après un accident, qui cause des malformations », soutient-elle. « personnellement si j’avais eu un suivi approprié après mon opération, je ne pouvais pas connaître des complications et peut-être que ma situation serait différente. Souvent, nous n’avons pas accès aux soins de santé, ce qui aggrave notre situation. Il faut investir dans la prévention et la réadaptation »
L’accès à l’éducation et à l’emploi reste un défi majeur.
Anastase Kayowa, 26ans révèle un besoin urgent de programmes d’inclusion et de sensibilisation.
«Nous avons besoin de vivre et d’accomplir nos rêves. Mon rêve, c'est de pouvoir travailler et être indépendante financièrement. Mais les employeurs hésitent à recruter des personnes handicapées. Les entreprises doivent comprendre que nous avons des compétences et que nous pouvons contribuer à la société. Il faut également des politiques publiques plus ambitieuses pour favoriser notre inclusion dans le monde du travail », a-t-elle déclaré.
Ces femmes appellent à une meilleure prise en charge de leurs besoins. Elles souhaitent des infrastructures adaptées, un accès aux soins de santé, ainsi qu’une sensibilisation accrue de la société sur le handicap.
« Nous voulons être entendues et incluses. Le changement commence par la prise de conscience », conclut Noëlla .
Elles appellent les autorités, la société civile et les organisations internationales à prendre des mesures concrètes pour améliorer leur situation. Elles souhaitent également que leur voix soit davantage entendue et qu'elles soient reconnues comme des citoyennes à part entière.
Nancy Clémence Tshimueneka